Mon chat s´étonnait mercredi dernier de l´accord du verbe dans les tournures telles que "c´est moi qui te le dis". Au même titre que "il y a", "c´est ... que/qui" est un idiomatisme français appelé gallicisme. Un gallicisme réfère à la fois aux tournures dites idiomatiques du francais et à cette tournure spécifique d´enclavage.
Dans les formes adverbiales, infinitives etc. (c´est en parlant avec mon chat que, c´est parler à un chat qui me fait dire que...), la question de l´accord du sujet avec le verbe de la proposition ne se pose pas : il s´agit de tournures impersonnelles. Dans les tournures avec sujet personnel - notamment dans sa forme tonique (c´est moi qui), une personne de langue non-romane ou non-aguerrie aux subtilités de la langue française accorderait spontanément à la troisième personne.
Regardons un peu du côté des langues germaniques. L´accord se fait justement à la troisième personne du singulier, quelque soit le sujet réel du propos :
Ich bin es, die in diesem Zimmer schläft,
Ich bin die, die draußen hockt, vor der Tür wartet,
Am morgen hineingeht und findet. (Rosa Doma)
Ich: pronom personnel 1ère pers. du sing.
schläft/hockt/wartet/hineingeht/findet: 3ère pers. du sing.
Ich bin es, die/der est l´une des traductions possibles du gallicisme français en allemand. On peut envisager d´ailleurs un tournure prosodique équivalente du point de vue de l´énoncé. Les mots soulignés seront accentués dans la prosodie de la phrase :
Ich schlafe in diesem Zimmer,
ich hocke da draußen, warte vor der Tür,
Am morgen gehe ich hinein und finde.
Stylistiquement aux antipodes du premier énoncé, la seconde formule a l´avantage de dévoiler le fond du problème : dans les langues germaniques, il y a dichotomie entre le sujet réel du propos (ich) et le sujet grammatical réel (es) de la proposition. Cette dichotomie s´opère parce que ces langues ne disposent pas de la tournure spécifique du gallicisme français qui permet d´enclaver le sujet réel dans la tournure, sans avoir recours à un pronom et donc de garder l´équivalence suivante : sujet réel=sujet grammatical.
En allemand, on aura recours à la particule "es", qui n´est ni le pronom personnel neutre nominatif/accusatif que l´on croit, mais bien un pronom cataphorique invariable ayant pour seule et unique fonction d´introduire syntaxiquement la proposition qui suit. Même chose en néerlandais et an anglais, langues qui relèvent également du groupe de langue germanique.
Cette dichotomie est spontanée d´un point de vue psychologique. Or elle ne s´opère pas en français – ni d´un point de vue syntaxique et ni d´un point de vue grammatical, d´où la confusion d´accord verbal. Ce qui explique par exemple les erreurs faites au cours primaire ou encore les besoins d´apprentissage spécifiques des personnes appartenant à un autre groupe linguistique. La réciproque est également est vraie.
L´étude du gallicisme soulève la question de la lexicalisation, de la polylexicalisation, de la rigidité d´une langue. Ah... remember 2002.
À bon gallicisme, salut!
Dans les formes adverbiales, infinitives etc. (c´est en parlant avec mon chat que, c´est parler à un chat qui me fait dire que...), la question de l´accord du sujet avec le verbe de la proposition ne se pose pas : il s´agit de tournures impersonnelles. Dans les tournures avec sujet personnel - notamment dans sa forme tonique (c´est moi qui), une personne de langue non-romane ou non-aguerrie aux subtilités de la langue française accorderait spontanément à la troisième personne.
Regardons un peu du côté des langues germaniques. L´accord se fait justement à la troisième personne du singulier, quelque soit le sujet réel du propos :
Ich bin es, die in diesem Zimmer schläft,
Ich bin die, die draußen hockt, vor der Tür wartet,
Am morgen hineingeht und findet. (Rosa Doma)
Ich: pronom personnel 1ère pers. du sing.
schläft/hockt/wartet/hineingeht/findet: 3ère pers. du sing.
Ich bin es, die/der est l´une des traductions possibles du gallicisme français en allemand. On peut envisager d´ailleurs un tournure prosodique équivalente du point de vue de l´énoncé. Les mots soulignés seront accentués dans la prosodie de la phrase :
Ich schlafe in diesem Zimmer,
ich hocke da draußen, warte vor der Tür,
Am morgen gehe ich hinein und finde.
Stylistiquement aux antipodes du premier énoncé, la seconde formule a l´avantage de dévoiler le fond du problème : dans les langues germaniques, il y a dichotomie entre le sujet réel du propos (ich) et le sujet grammatical réel (es) de la proposition. Cette dichotomie s´opère parce que ces langues ne disposent pas de la tournure spécifique du gallicisme français qui permet d´enclaver le sujet réel dans la tournure, sans avoir recours à un pronom et donc de garder l´équivalence suivante : sujet réel=sujet grammatical.
En allemand, on aura recours à la particule "es", qui n´est ni le pronom personnel neutre nominatif/accusatif que l´on croit, mais bien un pronom cataphorique invariable ayant pour seule et unique fonction d´introduire syntaxiquement la proposition qui suit. Même chose en néerlandais et an anglais, langues qui relèvent également du groupe de langue germanique.
Cette dichotomie est spontanée d´un point de vue psychologique. Or elle ne s´opère pas en français – ni d´un point de vue syntaxique et ni d´un point de vue grammatical, d´où la confusion d´accord verbal. Ce qui explique par exemple les erreurs faites au cours primaire ou encore les besoins d´apprentissage spécifiques des personnes appartenant à un autre groupe linguistique. La réciproque est également est vraie.
L´étude du gallicisme soulève la question de la lexicalisation, de la polylexicalisation, de la rigidité d´une langue. Ah... remember 2002.
À bon gallicisme, salut!
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