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13 févr. 2014

Basse-cour intersidérale

Jusqu'à mes cinq ans, je dessinais le même dessin : dans une prairie, un cochon, rose et jovial, se tenant devant son chevalet et peignant un canard noir. Le canard dessiné par le cochon aussi était artiste : posté devant son chevalet, il peignait un cochon. Dans le dessin de l'artiste, le cochon à la gouache maniait aussi le pinceau et son motif préféré, un canard. Le dessin était fini quand les figurines devenaient si minuscules qu'on ne distinguait plus ni cochon, ni canard. Le peintre ne pouvait plus peindre, et le motif peint non plus.
Ma grand-mère trouvait le dessin intéressant.
Pour mes huit ans, je m'attelai à une œuvre titanesque représentant le cosmos : 30 feuilles A4 noircies, formant un tout. Sur la première feuille, on pouvait encore apercevoir une arcade bleutée. Sur la dernière feuille volait une fusée vers l'horizon assombri. Quelques jours plus tard, le dessin était terminé et comportait deux feuilles de moins.
Ma grand-mère trouvait aussi ce dessin intéressant.

8 août 2011

Surexpositions dans le désert de Mhamid

Vitesse 250
Perte d’essentiel
Trafic d’absurdes
En semant des sonates
Je m’acquittais du luxe
Des trottoirs des tristes républiques
Des entonnoirs livides et perplexes
En traversant les dunes du désert de Mhamid

3 mai 2011

Accoudée à la table toute une nuit

Accoudée à la table toute une nuit
A soupeser encore et sans fin
Ce qui passa entre nous
Subrepticement,

Je chassais les insectes d'une pensée bruyante.
La très creuse horloge, statistique et mortelle,
Tonnait de son tic tac comme un canon.
La ténébreuse brume, lourde et distante,

Montait ; cette nuit, les vents allaient s'embraser.
Un tel souffle, ne l'ai-je pas puisé au flux de minuit
Afin que tu vinsses un jour ?

Au creux de la nuit, l'écho de certains mots
Qui avaient roulé Dieu seul sait
Si rapidement vers l'aube retenue,
Revenaient à leur place au matin.

Cette façon était un endroit secret,
Cet ouvrage silencieux,
Ces mains muettes.

27 sept. 2010

Melopee - Paul van Ostaijen

-- Voor Gaston Burssens

Onder de maan schuift de lange rivier
Over de lange rivier schuift moede de maan
Onder de maan op de lange rivier schuift de kano naar zee

Langs het hoogriet
langs de laagwei
schuift de kano naar zee
schuift met de schuivende maan de kano naar zee
Zo zijn ze gezellen naar zee de kano de maan en de man
Waarom schuiven de maan en de man getweeën gedwee naar de zee


Traduction I

Sous la lune coulisse le long fleuve
Sur le long fleuve coulisse la lune lasse
Sous la lune coulisse sur le long fleuve le canot vers la mer

Le long des hauts roseaux
le long des bas herbages
coulisse le canot vers la mer
coulisse comme la lune coulissante le canot vers la mer
Et s'accompagnent vers la mer le canot et la lune et l'homme
Pourquoi la lune et l'homme côte à côte et dociles coulissent-ils vers la mer


Traduction II

Sous la lune coule le long fleuve
Sur le long fleuve coule la lune lasse
Sous la lune sur le long fleuve coule le canot vers la mer

Le long des hauts roseaux
le long des bas herbages
coule le canot vers la mer
et coule et coulisse avec la lune le canot vers la mer
Et s'accompagnent vers la mer le canot la lune et l'homme
Pourquoi la lune et l'homme côte à côte et dociles coulent-ils vers la mer

10 janv. 2010

Valises de l'autre bout du monde

Valise : système de rangement mobile constitué de deux moitiés (agencées en miroir) reliées entre elles par une charnière et qui, à l'aide d'une mécanique divergente, peut être fermé (souvent à clef, au moyen d'un cadenas).

Le Golif, dit Borgnefesse, capitaine de la Flibuste, est Louis-Adhémar-Timothée, après avoir récupéré un boulet de canon dans la fesse droite? gauche? – le mystère reste entier. Ses mémoires ont tout du roman d'aventures, avec pour thème central la course aux Antilles sous le règne de Louis XIV. La préface précise que le manuscrit, trouvé par hasard pendant les bombardements de Saint-Malo en 1944, reposait dans une valise ramenée de l'autre bout de l'océan. Albert t'Serstevens, romancier spécialisé en histoires maritimes et en camouflage, aurait déchiffré les mémoires et Gustave Alauxont les auraient traduites. Dans un français volontairement truculent, le texte livre d'implacables anachronismes qui trahissent le pastiche : le mot "patchouli" dans la bouche d'un marin du XVIIe siècle alors que ce mot est d'origine indienne et n'entre en usage en France qu'au XIXe siècle. Ou encore l'expression "Frères de la Côte" qui n'apparaît que dans les romans d'aventures du XIXe siècle. Des colloques littéraires ont été organisés citant ce livre comme parfait exemple du pastiche réussi.

La question est donc : les valises antiques sont-elles toujours garantes d'authenticité ?

6 janv. 2010

Lézard

Le mur : "Quel est ce frisson qui court le long de mon dos ?"

Le fente dans le mur : "C'est le lézard."

Le lézard : "Je ne bouge pas, ma paupière est immobile."

Le mur : "N'en palons plus."

16 déc. 2009

J'ai mis le pied sur mille îles

J'ai mis le pied sur mille îles
Et croisé maints mâles et maintes lunes
Enragées.

J'ai sculpté mes os dans une pierre
Rigoureuse car sur moi comme
Sur le roc

On s'appuie à la lente lumière
D'un phare et d'une volonté
D'acier

Et bleutée et scellée jusqu'à ce jour
Puisque comme le soleil levant,
Jusqu'à ce jour.

2 déc. 2009

Fraîcheur mécanique

C'est en été qu'on passe au jardin quand l'enfer d'août creuse les heures de midi.

Pas la moindre brise, et la lumière somnole près des tomates en posant un point brillant sur chaque fruit rougi. La pluie les a souillées d'un peu de terre, on salive en pensant au légume allongé sous l'eau fraîche. L'idée se fixe. Certaines tomates sont d'un vert pâle, un peu foncé en leur cœur. D'autres sont orangées, où une tache acidulée s'est endormie.

L'escabeau au garde-à-vous s'appuie mollement contre le prunier où par centaines les fruits sont tombés. De loin, on jurerait que les prunes sont violettes, mais c'est une guerre que livre le bleu au rose. Quelques cristaux de sucre sont collés aux peaux fragiles : les fruits tombés ont éclatés, la chair brune a giclé. Dans l'arbre, les plus jeunes rougissent en vert ocré : les blessures des premières attirent et effraient.

On aimerait pouvoir s'agripper à l'ombre d'un feuillage, mais les branches sont plombées de soleil. Le potager blond transpire, la laitue paresse, les blettes barbotent. Seules les feuilles des carottes résistent. Et si la minceur prévenait de tout abandon ? Pour les framboises, il est trop tard : le grenat est passé au bronze désseché des scories.

Voilà le poirier qui patrouille le long du mur, les bras symétriques, le fruit efféminé.

Mais c'est de la vigne muscadée que se dégage cette fraîcheur qui apaise la soif. Les raisins hésitent encore entre l'or et le carmin, l'opaque et le transparent. Certains sont chargés de lumière, les autres se drapent de poussière. Une grappe a fait du soleil une bouchée.

La chaleur est africaine, un feu d'artifice éclate.

Un arbre offre son ombrage à la table qui sommeille. La peinture est écaillée. Autour du jonc serpente le tuyau d'arrosage. Fraîcheur mécanique.

18 nov. 2009

Ce n'est pas avec des coquelicots

Ce n'est pas avec des coquelicots
Et une traîne de busard bleue
Ni du genièvre, du café ou du vin
Ni de la cocaïne et l'aile d'un papillon
Ni avec des mots peuplé de rythmes
Que nous montons vers cette plaine,
Étalée dans nos coeurs déserts.
-- Je dis nous, ce ganglion d'illusions,
Nous montons enchaînés par le fer.

17 nov. 2009

Van de blauwe buizerd zijn slinger

Toch niet met barstende roosmarijn
Of van de blauwe buizerd zijn slinger
Noch met jenever, koffie of wijn
Noch met cocaïne of deze vlinder
Noch met wijdlopig ritme noch rijm
Klimmen wij deze ene heuvel op,
Uitgestrekt tot aan onze woeste harten.
-- Ik zeg wij als een ingevlochten knoop,
We klimmen met ijzeren keten.

12 nov. 2009

Die Wiedergewinnung der Städte

Einzelbauten sind Solitäre und öde Plätze
In fremdem Umfeld, ausgemünzt im Gehetze
Von Nachkriegsbauten. Was aus barockem Geflecht
Der im Gewirr der Gassen entstandenen Rues,
Der dunklen Winkel, der Höfe in jähem Gefecht,
Der Straßenführung mit zahllosen points de vue?

Die Altstadt erlebt Pracht in Steinen und Balken.
Was aus den Häusern und verwinkelten Gassen,
Die binden und gegaukelte Struktur bilden,
Was mit verdrehtem Kopf erstellten Sonnetten?

Wären im Bombenabriß Italiens vom Alten
Der Vecchio und Uffizien wiederaufgebaut,
Das Übrige dicht aufgefüllt und neu gebaut,
So wäre Florenz nicht Florenz, Nürnberg nicht Nürnberg.*

* So wäre Florenz wohl nicht Florenz, Nürnberg Nürnberg/ So wäre Florenz nicht Florenz, Nürnberg nicht Nürnberg.*

29 juil. 2009

Glimworm

I

Wat is er aan de hand? Negen uur s'avonds, toch het licht brandt nog.

II

Deze maandruppel in het gras!

23 juin 2009

La balance

En vérité, je suis suspendue, telle une balance,
Il ne faut pas être vide et rester immobile.

Une femme me dit alors, je réponds :
"Parle-moi de la joie et de la tristesse,
Elles sont sans masques dans l'équilibre."

En vérité, je suis suspendue, telle une balance,
Il ne faut pas être vide et rester immobile.

Un homme me dit alors, je réponds :
"Parle-moi de la connaissance de soi
Car le soi est sans limites ni mesures."

En vérité, je suis suspendue, telle une balance,
Il ne faut pas être vide et rester immobile.

18 juin 2009

Dynamo

Het ritselen remmt en rapst en snort tegen het rad. Een auto met een claxon rijdt vorbij. Pas een oeroud gebaar: duiken, de linke hand bungelt er maar een beetje bij. De straal van de voorlamp kleurt de nacht groen. De muziek telt: het regelmatige frr frr houdt niet op, het plattenland slaapt onder de trilling in. Berg op met jonge vormiddagen en koude vingers op pad. Berg af met luie avonden en zwoele nachten in opmars. De muziek telt: de ketting danst in en dos van metal, de mol staat still in de achtergrond. De fiets twijnt op maat.

19 mai 2009

Hagedis

De muur: "Welke griezel lopt mij over de rug?"

De spleet in de muur: "De hagedis."

De hagedis: "Ik sta stil, mij ooglid is bewegingloos."

De muur: "Is goed."

11 mai 2009

Bierslok

Alleen de eerste telt, de andere zijn vervangbar. Met de laatste slok keert wel eens de schijn van mogelijkheid terug, maar de eerste slok...

Het begint nog voor de keel. Op de lippen prikkelen gouden luchtbellen, de versheid zwellt met de schuim aan, beteugelde wrangheid stijgt naar het gehemelte omhoog. De eerste slok slik je met schijngierigheid, klaar. Kwantiteit - niet te veel, niet te weinig: de ideale opmaat. Een zucht, een klap met de tong, een onmiddelbare knusheid en het drankplezier dat op het verhemelte open gaat. Terug op de tafel, terug op het viltje. Men geniet van de kleur, valse honing of koud zonnetje. De eerste vreugde in lichtspatten.

7 mai 2009

Klaprozen

De kolf aangegord ontploffen zij op de weide in ongevaarlijke rood, net een leger van soldatjes. "Pioniers", zei de kater.

Een klaproos slentert langs de ploegvoor en vertraagt bij de korenbloem: zijn meisje.

5 mai 2009

In de tuin (variatie op een natuurlijk historietje)

De ree - Fac et spera.

De hak – Precies.

De bloemen – Wordt het wel mooi weer vandaag?

De zonnebloem – Ja, als ik het wil.

De gieter - Pardon, als ik het wil zal het wel regenen. Ik trek mijn sproeier aan – een fontein!

De klimroos – Wat waait het hard!

De boomsteun – Ik ben bij jou.

De framboos – Hoezo hebben rozen doornen? Een roos eet je toch niet.

De karper in de visvijver – Precies! Ik wordt gegeten, dus ik stek.

De distel – Jawel, maar te laat.

De roos – Vind je mij mooi?

De hoornaar – Laat maar eerst de dessous zien.

De roos – Kijkers.

De bij - Werkze! Iedereen is heel erg op mijn werk te spreken. Ik hoop aan het eind van de maand promotie te maken, als afdelingschef.

De viooltjes – We zijn alle officieren van de Academie.

De witte viooltjes – Een reden meer om bescheiden te blijven, zussen.

De prei – Precies! Pronk ik soms?

De spinazie - Mijn naam is Rumex Rugosus.

De zuring – Oplichter.

De sjalot – Het stinkt er als de hel hier!

De knoflook – De anjer, zekerweten.

De asperge - Mon petit doigt me dit tout.

De aardappel – Ik wordt moeder.

De peerboom, tegen de tegenoverstaande peerboom - Dat is kut met peren! Kut met peren!

24 avr. 2009

Een mes in de tas

Geen keukenmes uiteraard, geen klapmes. Geen gewoon zakmes. Zeg een Opinel n.°6 of een Laguiole. Je gaat hem niet eens vaak gebruiken, het plezier zit ergens anders in.
Een mooi voorwerp met een kabbalistisch teken op de kling voor ware ingewijden: een gekroonde hand, een paraplu, een nachtegaal, de bij op de grip. Het snobisme is kostelijk als hij aan het symbool van sober leven aanhecht. Boerenluxe.
Een bloedeigen object dat de zak vult en je af en toe te voorschijn haalt, om hem aan te raken, te bekijken - voor de bevrediging om hem te openen en weer dicht te klapen.

20 avr. 2009

Erwten

Erwten zijn gemakkelijk te doppen. Een druk van de duim op het splitje van de dop en de fruit ontsluiert zich, dociel. Sommige zijn minder rijp of recalcitrant: een insnijding met de nagel van de wijzevinger verscheurt het groene, wat verweekt voelt het dichte vlees aan onder het perkament. Men laat de doppen met enkele vingers schuifelen, de laatste is minuscuul. Soms lust men een haapje. Het smaakt bitter op de tong en vers als de keuken van 11 uur, het koken van koud water of gepeld groentje. Dichtbij de afwasbak glanzen twee kale wortsels op de keukendoek, zij drogen langzaam. Er wordt babbelend genipt en gelurkt, de muziek van de worden lijkt van binnen te ontstaan, vreedzaam en vertrouwd. Soms kijkt men op, aan het einde van een zin. Het andere hoofd blijf hangen, dit is de code. Het doppen is niet voor een uitleg vatbaar maar om de tijd te volgen, in contrapunt. Het ogenblik dijt uit, de hand vertraagt, dopje bij dopje met opgestroopte mouwen in de vole kom. De drukke ronding vormt een zachte golving. De verbazing is groot: de handen zijn droog. Alleen het brood moet men nog halen.