Je m'en réjouissais depuis longtemps : le Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCEM) inauguré le 7 juin 2013 à Marseille et visité début mars. Construit sur le site du fort Saint-Jean et du môle J4 de la Joliette, il surplombe la darse entre ces
deux sites et intègre de manière magistrale site antique et architecture moderne. Un peu d'histoire et quelques photos (par un magnifique dimanche d'hiver, on est à Marseille...).
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La butte Saint-Jean
Le fort Saint-Jean est édifié sur une butte naturelle, remaniée au fil des siècles par les hommes. L'occupation du site semble remonter aux origines mêmes de la ville de Marseille, vieilles de 26 siècles : 600 av. J.-C., une colonnie grecque venue de la ville de Phocée en Asie mineure débarque sur la rive et fonde une cité. Ce premier comptoir s'installe au pied de la butte Sain-Laurent et sur la butte Saint-Jean qui constitue une excellente base d'observation et de défense.
La butte Saint-Jean et l'entrée par la Porte Royale...
... en se retournant, la butte et l'église Saint-Laurent vues depuis la passerelle menant au MuCEM.
La Porte Royale
En 1660, Louis XIV entre dans Marseille. Il a alors entrepris d'assoir son autorité sur l'ensemble du pays. À Marseille, considerée comme particulièrement rebelle, il décide d'édifier à l'entrée du port le fort Saint-Nicolas et de renforcer la défense du fort Saint-Jean. Les deux édifices protégeront et surveilleront la ville tout à la fois. Premier titulaire de la charge de commissaire des fortifications de France, le chevalier de Clerville établit les plans et pose la premiere pierre de l'agrandissement du fort Saint-Jean en 1668. Lorsqu'il meurt en 1671, la construction n'est pas terminée : son successeur, le célèbre Vauban, fera subir au fort encore plusieurs modifications et évolutions. Estimant notamment le fort vulnérable par la butte Saint-Laurent à l'est, il fera creuser un fossé entre le fort et l'église Saint-Laurent et remblayer la partie haute du fort pour le surélever. La Porte Royale, muni d'un pont-levis, permettait un accès direct mais contrôlé à la butte Saint-Laurent. Fermée par la suite, elle est remise en service par le MuCEM grâce à la passerelle Saint-Laurent qui relie l'esplanade de la Tourette au fort Saint-Jean. Une belle remise en usage du site historique.
La passerelle Saint-Laurent passée, on se retrouve dans l'enceinte même du Fort Saint-Jean, dans une cours très dégagée qui permet ensuite d'accéder au MuCEM même, aux remparts, à la Tour du Fanal, aux jardins botaniques. Des espaces de liaison guident le visiteur davantage
intéressé par le fort, la mer ou le port vers le parcours spécifique.
A l'intérieur du fort, deux niveaux sont reliés par la montée des canons qui permettait d'acheminer les munitions : la partie basse qui comprend la tour Saint-Jean et la chapelle de la Commanderie transformée en logement pour le commandant du fort. La partie haute comprend la Tour du Fanal, le moulin et plusieurs casernes. Le chemin de ronde permet de faire le tour du fort et de découvrir, depuis les remparts, de multiples points de vue sur la mer et sur le Vieux-Port.
A l'intérieur du fort, deux niveaux sont reliés par la montée des canons qui permettait d'acheminer les munitions : la partie basse qui comprend la tour Saint-Jean et la chapelle de la Commanderie transformée en logement pour le commandant du fort. La partie haute comprend la Tour du Fanal, le moulin et plusieurs casernes. Le chemin de ronde permet de faire le tour du fort et de découvrir, depuis les remparts, de multiples points de vue sur la mer et sur le Vieux-Port.
La Tour du Fanal
En 1644, ce sont les armateurs marseillais qui financent la construction d'une seconde tour, érigée sur la butte Saint-Jean, face à la mer. C'est une tour de guêt sur laquelle on allumait des feux de nuit pour diriger les navires. Elle sera en service jusqu'en 1670, date à laquelle elle sera englobée dans les remparts du fort et ne sera plus accessible aux civils.
La Tour du Fanal et, au loin, le Palais du Pharo, construit par Napoléon III pour l'impératrice Eugénie.
Passerelle Saint-Jean et MuCEM
Un second pont de 130 mètres de long, la passerelle Saint-Jean, permet d'accéder au musée.
Points de vue, mer, soleil et minéralité sont les maîtres-mots de l'ensemble. Le musée proprement dit, "bâtiment de pierre, d'eau et de vent" a été réalisé par l'architecte Rudy Ricciotti (associé à Roland Carta). Un carré de Pythagore parfait de 72 mètres de côté pour le MuCEM lui-même, un plan classique, latin. Dans ce carré, un autre de 52 mètres de côté, comprenant les salles d’exposition et de conférence. On y trouve aussi un auditorium de
quatre-cents places, une librairie avec de très beaux ouvrages
concernant Marseille, la Provence, ses traditions et le voyage de
manière générale, le restaurant La Table du fameux chef marseillais
Gérald Passédat et un bistrot avec une terrasse enchanteresse au beau point de vue sur la mer. Le MuCEM fait directement face à la Villa Méditerranée, ce bâtiment blanc surplombant un bassin artificiel de 2 000 m3 d'eau. Le carré du MuCEM ressemblerait presque à une casbah ouverte au vent et au soleil...
Au fond, on découvre la Major, la cathédrale néo-byzantine de Marseille, toute de marbre blanc, de pierres vert antique de Florence, d'onyx et de mosaïques de Venise.
Le béton inscrit le musée dans une minéralité qui sied bien à Marseille, écrasée de lumière. Une découpe en dentelle, le dense et le fragile réunis en un même matériau.
Terrasse du bistrot...
... et dentelles de béton :
Les deux dernières photos sont tirées du site web du MuCEM.
Au XIXème siècle, le fort conserve sa vocation militaire, mais se voit davantage isolé de la ville : avec le déplacement du port vers la Joliette, un canal est ouvert dans le fossé qui le séparait de la butte Saint-Laurent, et le fort Saint-Jean devient une île en 1853. Ce canale sera comblé en 1937 pour en faire une route.
Les casernements / le village / le bâtiment Georges-Henri Rivière
La partie haute du fort, appelée le village, correspond à des casernements et des logements pour la garnison. La galerie des officiers abritaient des chambres de soldats. La dernière des caserne est le bâtiment Georges-Henri Rivière.
La promenade sur les remparts s'agrémente d'une traversée botanique qui évoque le brassage des cultures et des plantes de la Méditerranée. Une perspective originale sur la migration des peuples par un regard croisé sur celle des plantes et leur usage traditionnel dans les pharmacopées juives, musulmanes et chrétiennes. Quinze unités paysagères alternativement tournées vers la ville, la colline et la mer.
Une promenade botanique inspirée du nom du site : les herbes de la Saint-Jean
Le jour de la nativité de Saint Jean-Baptiste, il était de tradition de récolter les herbes guérisseuses. Celles-ci devaient être cueillies avant le lever du soleil, couvertes de rosée. Au cœur du solstice d'été, les forces de la terre étaient réputées à leur apogée. Les plantes étaient ensuite séchées et conservées toute l'année, montées en bouquêts, en croix ou en couronnes, mises au fronton des portes en porte-bonheurs et dans les serrures pour éloigner les maléfices. Les plantes de la Saint-Jean, aux noms multiples et évocateurs, sont au nombre de sept :
- l'achillée millefeuille, dit herbe au charpentier, herbe aux coupures, herbe aux soldats, herbe des guerriers, herbe de Saint-Josèphe, herbe à dinde, herbe au charpentier, herbe aux cochers, herbe aux militaires, herbe aux coupures, saigne-nez et sourcil de Vénus.
- l'armoise commune ou herbe aux cent goûts, herbe de la Saint-Jean, armoise citronnelle, artémise, herbe royale, herbe de feu, herbe royale, ceinture de Saint-Jean.
- la joubarbe, dite aussi barbe de Jupiter, herbe aux cors, herbe du tonnerre.
- le lierre grimpant ou herbe du bonhomme, courroie de Saint-Jean.
- la marguerite sauvage ou encore herbe de Saint-Jean, œil de bœuf.
- le millepertuis perforé, appelé aussi herbe percée, herbe aux piqûres, chasse-diable, herbe aux fées, herbe aux mille vertus, herbe de Saint-Éloi, herbe de la Saint-Jean, barbe de Saint-Jean, herbe à mille trous, herbe percée, herbe à la brûlure, herbe aux piqûres, herbe du charpentier, trascalan, truchereau, trucheron, trucheron jaune.
- la sauge, dite "toute-bonne".
- l'armoise commune ou herbe aux cent goûts, herbe de la Saint-Jean, armoise citronnelle, artémise, herbe royale, herbe de feu, herbe royale, ceinture de Saint-Jean.
- la joubarbe, dite aussi barbe de Jupiter, herbe aux cors, herbe du tonnerre.
- le lierre grimpant ou herbe du bonhomme, courroie de Saint-Jean.
- la marguerite sauvage ou encore herbe de Saint-Jean, œil de bœuf.
- le millepertuis perforé, appelé aussi herbe percée, herbe aux piqûres, chasse-diable, herbe aux fées, herbe aux mille vertus, herbe de Saint-Éloi, herbe de la Saint-Jean, barbe de Saint-Jean, herbe à mille trous, herbe percée, herbe à la brûlure, herbe aux piqûres, herbe du charpentier, trascalan, truchereau, trucheron, trucheron jaune.
- la sauge, dite "toute-bonne".
La Chapelle Saint-Jean et la Commanderie
Durant le haut
Moyen-Âge, Marseille souffre de nombreuses agressions et invasions. Les
fortifications antiques son renforcées. Une premiere chapelle dédiée à
Saint Jean-Baptiste aurait été édifiée à la même époque, au pied de la
butte. La construction de la chapelle Saint-Jean n'est attestée qu'au
XVIIème siècle. Alors que la situation économique de la ville s'est
améliorée, l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem (devenu ensuite Ordre de
Malte) installe sa commanderie au pied de la butte Saint-Jean, à
l'emplacement de l'actuelle galerie des Officiers, pour accueillir et
armer les croisés avant leur depart en Terre Sainte. Le bâtiment de la
commanderie, quant à lui, a disparu lors de la libération de Marseille pendant la Seconde Guerre Mondiale au cours d'une explosion de munitions qui avait fortement endommagé le fort.
Une chaîne est tendu depuis la Tour Maubert (emplacement de l'actuelle
Tour du Roi René) jusqu'à la rive sud du port pour en interdire l'accès
la nuit, et une muraille prolonge la tour pour protéger la passe du
port. Cet ensemble est complété en 1365 par le Palais du Commandeur (lui
aussi disparu) qui accueillait les hôtes de marque. Seul le chœur
de la chapelle est actuellement visitable. Le clocher à peigne de la
chapelle a été restauré au XXème siècle par l'Ordre de Malte.
La Tour du Roi René
Le 20 novembre 1423, une flotte aragonaise attaque la ville et la met à sac. La Tour Maubert est détruite, et les assaillants emportent, en guise de trophée, la chaîne qui défendait l'entrée du port, toujours visible aujourd'hui dans la cathédrale de Valence en Espagne. Dès 1452, le Roi René1, qui cherche à redresser la ville, fait construire, en lieu et place de la Tour Maubert, une nouvelle tour qui prendra son nom. Elle est financée en partie par la ville, en partie par les pêcheurs de Saint-Jean. Durant cette période en revanche, les hospitaliers de Saint-Jean se désintéressent progressivement du site, et les bâtiments se détériorent. Les ordres militaires, Templiers et Hospitaliers, apparaissent à Marseille à la fin du XIIème siècle, leur installation étant liée au développement des relations commerciales du port avec l'Orient. Les deux commanderies des ordres sont situées chacune à une extrémité du port de Marseille, celle des Templiers se trouve à l'emplacement de l'actuelle église des Augustins et celle des Hospitaliers à l'entrée du port où se situe le fort Saint-Jean.
La terrasse de la Tour du Roi René est en libre accès. L'escalier se prend au dessus de la toiture de la chapelle. Depuis ce point de vue, on peut admirer la Bonne Mère, le fort Saint-Nicolas et l'entrée du Vieux-Port.
La terrasse de la Tour du Roi René est en libre accès. L'escalier se prend au dessus de la toiture de la chapelle. Depuis ce point de vue, on peut admirer la Bonne Mère, le fort Saint-Nicolas et l'entrée du Vieux-Port.
Prendre le temps de voir passer les bateaux...
...et d'admirer le Vieux-Port :
Le Vieux-Port et la jolie petite église des Augustins, commanderie des Templiers.
...et d'admirer le Vieux-Port :
Le Vieux-Port et la jolie petite église des Augustins, commanderie des Templiers.
1 René d'Anjou ou René Ier d'Anjou ou encore René Ier de Naples ou René de Sicile, duc d'Anjou, comte de Provence et de Forcalquier, roi titulaire de Jérusalem, roi titulaire de Sicile et d'Aragon, surnommé par ses sujets provençaux le "Bon Roi René".
1 commentaire:
Indrukwekkend! Ik hoop dat ik het kan zien op een dag.
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