Écrivain bourgeois laborieux, Hesse a démasqué avant tout l'éthique
bourgeoise du travail, en proposant le modèle d'une humanité libre et ludique. [...] C'est un grand poète du plaisir, de ce qui dans la vie fleurit et se laisse cueillir sans raison, de ce qui est irréductible à la possession : de la lumière des saisons, de l'eau scintillante qui court, des feuilles qui amortissent le pas sur le sentier, de la symétrie de la plantation de bambous et du poudroiement chaotique qui luit au soleil, d'une excursion en montagne, d'un nuage, de l'amour timide ou violent, mais dont on jouit toujours. Hesse est le poète d'une nature libérée, dans laquelle la joie est à portée de main, dans laquelle une promenade en forêt a plus de signification qu'un grand événement historique [...].
Claudio Magris, Utopie et désenchantement, page 269.
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