Le vainqueur, selon cette poétique qui est avant tout une conception morale, c'est celui qui sait admettre sa propre insuffisance et ses propres défaites sans les mettre sur le compte de la méchanceté des autres ou du désordre du monde, et qui ne se laisse pas éblouir par ses propres indiosycrasies et qui n'idolâtre pas ses propres faiblesses, mais reconnaît, au-dessus de lui, des valeurs et une loi, par rapport auxquelles sa psychologie ou son vécu personnel sont d'une importance secondaire. Le vaincu, c'est celui qui se rebelle contre l'objectivité du réel, contre la place qui lui est assignée dans la connexion du Grand Tout, et qui ne voit que lui-même, la vanité et la misère de son égoïsme.
Claudio Magris, Utopie et désenchantement, page 307.
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