En 1957, Jean-Maurice Rouquette, conservateur du musée, organise une première exposition Picasso qui réactive les liens que l'artiste avait toujours entretenu avec Arles, liens d'autant plus profonds que s'y croisaient sa passion pour la corrida et la présence de Vincent Van Gogh. Le conservateur et le photographes arlésien Lucien Clergue rencontrent Picasso en 1971 pour lui proposer une nouvelle exposition au musée. C'est par téléphone que le maître, un soir de mai, invite Jean-Maurice Rouquette à Mougins pour lui annoncer, dit-il, "une bonne nouvelle". Non seulement Picasso accepte l'invitation, mais il décide de faire don au musée de 57 dessins : "Feuilletant avec moi la collection, Picasso m'annonça son intention d'en faire don au musée Réattu, si toutefois cela te plaît“, ajouta-t-il avec humilité. Cette nouvelle boulversante qui m'inondait de joie et de reconnaissance avait aussi ému cet homme profondément sensible et humain."
L'ensemble des dessins est représentatif des longues séries qu'ils réalise à cette époque, tout juste deux ans avant de mourir. Éloigné pendant une longue période de la peinture, Picasso avait relu Les Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas et s'était plongé dans l'histoire du Siècle d'or espagnol. Cette période picturale est une sorte de journal du peintre, écrit pour ainsi dire à main levée, à la craie, au feutre, à l'encre..., et où trois thèmes se conjuguent, en d'innombrables variations : l'Arlequin, le Peintre et son modèle, et surtout la haute figure du Mousquetaire, moitié hidalgo moitié matador, fascinant autoportrait final. L'étude de cette série de dessins révélera ensuite qu'au-delà du souvenir de Rembrandt, de Velázquez ou du Greco, qu'aimante comme on le sait le thème du Mousquetaire, Picasso avait à ce moment invité dans son théâtre aussi bien les échos de la grande fête gitane vécue à Arles que le maintien sévère des Chevaliers de Malte.
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