Nous quittons enfin le refuge de Landmannalaugar pour un raid de plusieurs jours à skis et pulkas. Nous remonterons vers le nord, vers Friðland að Fjallabaki, pour rejoindre la piste une centaine de kilomètres plus loin. Nous prévoyons de faire une vingtaine de kilomètres par jour seulement pour pouvoir profiter des paysages et de l'ambiance. Rien ne presse, et surtout nous voulons nous arrêter tous les jours vers 16h/17h, avant la tombée de la nuit pour pouvoir monter le camp à la lumière du jour. Chacun fonctionne en autonomie pour ses affaires personnelles (vivres de course, eau, sac de couchage, pelle, matériel grand froid, etc.), avec un partenaire pour le matériel à partager, notamment la tente et la nourriture des jours à venir. S. et moi faisons équipe. Le matériel commun - tente mess, réchaud, etc. - est réparti de manière équilibrée entre les différentes pulkas.
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Ultime adieu aux plateaux arpentés ces derniers jours et aux roches volcaniques noires : nous partons pour des espaces immaculés.
Nous traversons d'abord la grande vallée encaissée dans les montagnes. Le terrain est plat, facile, idéal pour du fond. Il fait un temps magnifique, la matinée est merveilleusement belle.
Nous arrivons au pied de Laugarhraun dont il faut passer le col. Au vu de la montée qui semble plutôt longue et raide, nous décidons de déchausser pour monter les pulkas en binôme. L'un tire, l'autre pousse, et on alterne pour la seconde pulka, une fois la première arrivée à bon port. Cela veut dire +400m avec une pulka de 30kg à tirer, -400m pour redescendre aller chercher la seconde et à nouveau +400m pour la remonter. Pousser est bien plus épuisant que tirer. Pour F. et moi, ce sera trois fois +400m et deux fois -400m afin d'aller chercher ensemble la dernière pulka. 2000m de dénivelé en trois quart d'heure, on les sent passer... Arrivée sur le plateau, j'en ai les muscles qui tremblent. Trois Twix succombent en moins de deux minutes. Mais en haut, la vue est à couper le souffle... Nous dominons toute la vallée et les montagnes environnantes, d'une blancheur éclatante. Quel panorama !
Le temps de se reposer, d'admirer la vue et d'avaler de grandes rasades de thé, puis nous rechaussons et réharnachons les pulkas. Une erreur d'évaluation ou de lecture du GPS des guides précisément à cet endroit ? C'est un faux plateau et quelques mètres plus loin à peine, nous nous retrouvons sur un versant excessivement raide et ultra-verglacé. Impossible de re-déchausser en pleine pente, c'est tout juste si nous tenons en équilibre sur les carres des skis. La glace fait son travail, inexorable. Tous les efforts tendent à maintenir un équilibre précaire et à progresser un peu à chaque fois, avec une pulka qui tire vers le bas. Nous sommes en mauvaise posture. A quelques mètres au-dessus de moi, S. ne peut plus se maintenir en dévers et commence à patiner vers le bas. Je plante mon bâton devant sa pulka pour la bloquer et arrime sa pulka à la mienne. Il faut remonter maintenant, ensemble, pas à pas, centimètre par centimètre. La progression est imperceptible, une lutte de chaque instant. Nous arrivons enfin au plateau où le vent se met à souffler violemment. Nous assurons nos pulkas en oblique, ski plantés dans les harnais. Entre temps, F. et A. sont déjà arrivés. Nous déchaussons, je mets mes crampons et j'emporte ma paire de raquettes cramponées pour aider les suivants à remonter. Nous voilà enfin tous en haut. Re trois Twix.
Nous poursuivons la route, avec quelques descentes, pulka à l'avant. La neige crisse, la glace craque. Mais sinon, seul le vent se fait entendre.
Après la traversée d'une majestueuse étendue de neige éblouie de soleil, nous nous arrêtons pour une pause. Le vent est justement tombé, nous voulons en profiter. Mais cela ne fait pas deux minutes que nous sommes là qu'il se remet à siffler en rafales. Dos au vent, nous attaquons notre pique-nique : soupes chaudes et pâtes instantanées préparées au thermos, barres de céréales, un dernier bout de saumon, amandes, noix, thé en grande quantité...
... et nous repartons.
En fin d'après-midi, nous arrivons sur un merveilleux lac glacé, serti dans son écrin de montagnes. Ce sera notre camp pour ce soir.
De grandes montagnes enserrent et protègent notre futur camp :
L'installation du premier camp se fait dans la joie et la bonne humeur. Ce petit lac nous enchantent.
Une fois le camp monté, nous achevons enfin notre première journée dans la plénitude du soir et les couleurs du couchant.
1 commentaire:
Wauw, Sandrine. Als we hier in Amerika zeggen, je bent echt "hard core"!
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