6 juil. 2018

Tour du Monde - USA [Nevada]: Googie

Le Googie, également appelé Doo-Wop, Populuxe, Coffee Shop Modern, Jet Age, Space Age et Chinese Modern, est un style architectural futuriste du milieu du XXe siècle, puisant son inspiration dans l'âge atomique et la conquête spatiale.
Né dans le sud de la Californie (États-Unis) dès la fin des années 1940, il se diffuse le long des autoroutes américaines comme le style architectural caractéristique des années 1950 des commerces de services proposés aux automobilistes : motels, cafés, établissements de restauration rapide, drive-in, stations services ou stations de lavage. L'architecture Googie, de même que l'architecture canard, est à l'origine à visée commerciale, destinée à moderniser le style des motels, cafés, stations essences ou stations de lavage automatique afin de capter l'attention de l'automobiliste-consommateur. Le style va peu à peu s'étendre au monde du design, touchant notamment l'automobile en traçant la ligne des belles américaines des années 1950 et du début des années 1960, puis de bâtiments publics commes les cinémas, les centres de convention, les universités, les terminaux aéroportuaires, les grattes-ciel et la culture populaire.
Le Googie apparaît à Los Angeles, en 1949. L'automobile connaissant alors un essor formidable dans les années 1930 aux États-Unis, le Googie sera le style incarnant le rêve américain d'après-guerre, accompagnant la démocratisation des départs en vacances en voiture, et illustrant l'entrée dans une ère nouvelle, nourrie de l'optimisme que promettent l'ère atomique et la conquête de l'espace. Il se diffuse sous diverses variantes dans d'autres états des États-Unis, notamment ceux du sud-ouest du pays, au Nevada, dans l’Utah, en Arizona et le long de la route 66, puis dans d'autres régions touristiques comme le sud de la Floride ou les stations balnéaires du New Jersey, où il prend le nom de Doo-Wop. Son épicentre reste malgré tout Los Angeles et le comté d'Orange, où demeurent de nos jours les plus beaux exemples de ce style architectural et artistique. Selon Alan Hess, dans son livre Googie: Fifties Coffee Shop Architecture, le nom de Googie viendrait du design particulier d'un café conçu en 1949 par l’architecte John Lautner et qui portait le nom de Googie's. Ce bâtiment, situé à Los Angeles à l'intersection de Sunset Boulevard et de Crescent Heights, fut démoli dans les années 1980. Ce terme prend cependant rapidement une connotation péjorative dans le monde architectural traditionnel.
L'univers Googie se situe à mi-chemin entre le rêve et la réalité. C'est celui d'un futur utopique et idéalisé dont la promesse est lancée par Walt Disney en 1955 lors de l'inauguration de Tomorrowland :

"Demain peut être une ère merveilleuse. Nos scientifiques sont en train aujourd'hui, d'ouvrir les portes de l'Ère de l'Espace (Our scientists today are opening the doors of the Space Age...) à des réalisations qui profiteront à nos enfants et aux générations à venir. Les attractions de Tomorrowland ont été conçues pour vous donner l'occasion de participer à des aventures qui sont une représentation vivante de notre futur."

Le Googie, en tant que style architectural et artistique, est empreint de qualités métaphoriques et humoristique. Il sera aussi parfois déroutant et exubérant, au point d’être souvent désavoué par les architectes classiques. Si, en revanche, il a trouvé l'affection du grand public, c'est parce que le Googie évoque avant tout une histoire dont le thème central est le suivant :

"L'espèce humaine a quitté l'obscurité des cavernes et, à force de travail et d’ingéniosité, a bâti un monde moderne et merveilleux. Dans sa lancée, elle finira par surmonter les derniers obstacles et colonisera le reste de la galaxie, sans toutefois perdre le lien sacré avec l'authenticité de la nature."

Dans des éléments de décor Googie, on retrouve fréquemment des références à thèmes historiques, allant des grottes préhistoriques à l'Ouest américain. En dépit de la modernité du style, le lien avec la nature n'est jamais rompu, justifiant l'usage de la pierre (vraie ou fausse), de jardins intérieurs, de grande baies vitrées abolissant la rupture traditionnelle entre intérieur et extérieur. Il n'est pas rare de voir des bâtiments en forme d'OVNI avec un mur de pierres, trois baies vitrées et des palmiers traversant le toit. Il suffit de se rappeler les arches dorees, futuristes et utpopistes, de McDonalds...
Le Googie a trouvé une forme d’expression relativement libre et créative dans sa représentation futuriste et utopique. Douglas Haskell a cependant cherché à en dégager quelques règles de base :
• les éléments naturels doivent avoir une forme abstraite
• les thèmes doivent être multiples
• la gravité est abolie
• l'inclusion est à préférer au minimalisme
Les architectes purent s'aider en cela d'une toute une nouvelle gamme de matériaux comme le verre feuilleté, l'amiante, le contre-plaqué ou encore le plastique. D'autres innovations techniques ont permis de travailler l'acier et le ciment de façons nouvelles. Toits profilés, dômes, baies vitrées, structures en boomerang dont la forme est omniprésente dans le design des années 1950. On la retrouve notamment dans les enseignes commerciales, l'ameublement, les logos d'entreprise ou les imprimés textiles. Ses origines en tant que symbole de l'ère du jet et de la conquête spatiale. D'autres formes prevalent :
• l'amibe : cette forme est celle d'une goutte d’eau amorphe, présente sur les préenseignes ou les piscines des motels. Elle serait apparue avant le boomerang et serait issue des techniques de camouflage de la Seconde Guerre Mondiale.
• l'atome : cette forme apparaît fréquemment, sur les panneaux, enseignes, vaisselle, électroménager, symbolisant l’ingéniosité humaine et la promesse d’un monde sans limites techniques en ce début de l'Âge atomique, la recherche sur le matière. Il reflète peut-être aussi la préoccupation des Américains autour de la menace nucléaire pendant la Guerre Froide.
• l'étoile, plus omniprésente encore que l'atome, symbolise le cosmos exploré par les astronautes.
• la soucoupe volante dont la forme est caractéristique du courant Jet Age ou Space Age et inspirée des livres, magazines et films de science-fiction.
Le Googie projette sur le futur des espérances naïves et utopiques. Porté par une certaine forme d'optimisme, le style finit par s'éteindre au milieu des années 1960 avec le ternissement du rêve américain d'après-guerre. Parmi les raisons les plus communément citées sont l'assassinat du président John F. Kennedy le 22 novembre 1963, marquant une certaine perte de l'innocence du peuple américain, le début de la guerre du Viêt Nam en 1964, l'arrivée à l'adolescence des baby boomers, se rebellant contre les valeurs de leurs parents, un changement de regard, moins naïf et romantique, sur le programme spatial, etc. Le Googie se démode définitivement à partir de 1968, cédant la place à un style plus conventionnel. Au fil du temps, de nombreux bâtiments Googie sont transformés, abandonnés ou détruits. À partir des années 1990 et 2000, un programme de conservation est mis en place par les autorités américaines via une série de classements des bâtiments les plus caractéristiques du style, traduisant alors de l'intérêt architectural et historique grandissant pour une architecture jusqu'alors délaissée.
[Tiré de Wikipedia ]

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