J'avais décidé, sinon de camper en plein air, du moins d'en avoir les moyens à ma disposition car rien n’est plus éprouvant pour un esprit détendu que la nécessité d'atteindre un gîte au crépuscule, et ceux qui cheminent à pied ne peuvent pas toujours compter avec certitude sur l'hospitalité d'une auberge de village. Une tente, surtout pour un voyageur solitaire, est ennuyeuse à planter, puis ennuyeuse à démonter ; et même dans la journée, repliée, elle ne passe pas inaperçue. Un sac de couchage, en revanche, est toujours prêt – on n'a qu’à entrer dedans. Il remplit un double emploi, lit la nuit et valise le jour, et il ne signale pas à tous les badauds curieux votre intention de dormir à la belle étoile. C’est un avantage immense. Si votre campement n'est pas secret, on y vient troubler votre repos, vous devenez une personnalité. Le paysan amical, qui a soupé de bonne heure, vient vous voir dans votre lit. Il faut dormir d'un œil, et se lever avant le jour. J'optai pour un sac de couchage, et après plusieurs voyages au Puy, et maintes réjouissances pour moi et mes conseillers, un sac de couchage fut conçu, réalisé et apporté en triomphe chez moi.
Robert Luis Stevenson, Voyage avec un âne dans les Cevennes, page 16.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire