C'est l'une des jolies surprises que réserve le quotidien quand on prend sa pause-déjeuner sur la Côte Bleue : on y croise la Rove, chèvre aux longues cornes torsadées, qui erre librement dans la garrigue pour se nourrir de romarin, de genêt, de chêne.
Le village du Rove est le berceau de la race caprine du Rove. Deux hypothèses expliqueraient la présence de cette chèvre dans la région : avec pour lointaine origine la Mésopotamie, l'Anatolie et la Grèce, elle aurait été importée par les Phéniciens à bord d'un vaisseau qui aurait coulé le long du littoral rovenain. Une grande partie du troupeau aurait gagné la côte à la nage, pour être ensuite domestiquée par les bergers du Rove. Ou alors : la chèvre serait arrivée par voie maritime au port de Marseille et aurait été troquées par les Phéniciens.
La chèvre du Rove est robuste et résistante aux impitoyables chaleurs provençales. Au fil des siècles, elle s'est façonnée aux collines provençales où elle y a forgé son caractère et sa rusticité. Elle est cardaline (rouge moucheté de blanc), sardine (rouge mêlé de gris), boucabelle (noire et feu), tchaîsse (noire à l'avant, rouge à l'arrière), blaù (gris cendre), noire.
Et c'est aussi l'un des plaisirs de ce même quotidien : la brousse du Rove, un fromage au lait cru, fabriqué du printemps à l’été, lorsque les chèvres sont aux pâturages estivaux. Son nom vient du verbe brousser, "battre" en patois régional. On l'achète en petits cônes. On la consomme salée, avec un filet d'huile d'olive et du sel, ou sucrée, avec de la confiture, du miel de lavande, de la fleur d’oranger. Ma grand-tante la mange sucrée, je la mange salée.
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