Ça faisait combien de temps qu’un spectacle ne s’était pas autant démarqué du reste ? Longtemps.
Le regard est contemporain, le vocabulaire singulier et saisissant, la musique décalée et magistralement orchestrée entre la partition classique d’Adolphe Adam, les beats électroniques de Wilfried Wendling et les résonances industriels des tambours du Bronx. Le visuel est poignant - parfois à la limite du kitsch, sans jamais franchir la frontière du mauvais goût. Le premier acte : cinématographique. Le second : spectaculaire. Une interprétation magistrale de ce classique souvent poussiéreux dans sa version romantique.
Pietragalla en fait une Giselle au pluriel, en se saisissant du sujet des violences faites aux femmes, de la question de l'emprise et de l’affranchissement, de l'émancipation féminine. Sujet actuel et par trop glissant : on aurait pu s'engouffrer dans tous les lieux communs imaginables et autres portes déjà enfoncées. La technique est forte : Pietragalla sait faire le grand écart et tenir l'équilibre, en créant un espace poétique et positionné. On relit le classique sous un nouvel angle : c'est bien repéré. On travaille sur l'inconscient, le rêve, l'imaginaire, la liberté, le fantastique, le désir de vengeance, l’enfermement, le pardon. Toujours cette question de la rédemption par la justice faite à soi-même et par l'amour, à laquelle on ne trouve probablement jamais de réponse, sauf individuelle et particulière.
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