[...] car à cette époque-là, je me figurais encore que c'était au moyen de paroles qu'on apprend aux autres la vérité. Même les paroles qu'on me disait déposaient si bien leur signification inaltérable dans mon esprit sensible, que je ne croyais pas plus possible que quelqu'un qui m'avait dit m'aimer ne m'aimât pas. […] que la vérité n'est pas besoin d'être dite pour être manifestée, et qu'on peut peut-être la recueillir plus sûrement, sans attendre les paroles et sans tenir même aucun compte d'elles, dans mille signes extérieurs, même dans certains phénomenes invisibles, anologues dans le monde des caractères à ce que sont, dans la nature physique, les changements atmosphériques.
Proust, Le Côté de Guermantes, page 59.
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