Dans Kaputt (1943), son roman éponyme, Malaparte donne l'étymologie du mot allemand kaputt comme étant un terme hébreu ou plus exactement yiddish : kaparôt, qui signigie à la fois "offrande, offrande expiatoire, sacrifice", éventuellement "victime sacrifiée", mais aussi – intéressant rapprochement – "réconciliation".
Le terme est effectivement en rapport avec l'expression yiddisch shlogn kapores, une cérémonie traditionnelle du Yom Kippur (Jour du Grand Pardon), consistant à offrir en sacrifice un poulet que l'on faisait tourner vivant au-dessus de sa tête en récitant une prière : "Voici mon double, voici mon remplaçant, voici mon expiation. Puisse cette poule ou ce coq aller jusqu’à la mort pendant que je m’engagerai et continuerai une vie heureuse, longue et paisible." Le poulet se chargeait alors des fautes de celui qui prie. Par ailleur, "coq" en hébreu se dit gever, qui peut aussi vouloir dire "homme". D'autres expressions yiddisch en rapport avec le terme kaparôt : zayn di kapore far (aimer quelqu'un au point d'être prêt à se sacrifier pour lui), shlogn kapores mit (rabaisser, abuser d'une personne), darfn af kapores (n'en avoir aucun usage). Le jour du Yom Kippur, après la prière, on abattait les poulets. Autrefois populaire, cette cérémonie n'est aujourd’hui pratiquée que dans les milieux du judaïsme hassidique.
En yiddisch: shlogn kapores, qui a donné en allemand kapores geschlagen, reapparaît en argot moderne sous la forme de kapores machen qui ignifie alors "abbattre, tabasser à mort, mater".1
Ce mot, connu et reconnu aujourd'hui comme étant typiquement allemand, a été emprunté et repris dans différentes autres langues modernes à partir de l'allemand. L'internationalisation du terme est probablement dû à sa charge historique et à sa sonorité particulière. En anglais, on retrouve la variante orthographique kaput, en néerlandais on dit kapot. C'est après la seconde guerre mondiale et la prise de Berlin par l'Armée Rouge que le terme devient fameux avec l'expression rigolarde "Hitler kaputt". En allemand populaire, la signification moderne du terme reste très proche de son origine : "épuisé, cassé, claqué, crevé, vanné, fichu, foutu, etc." (physiquement et psychiquement).
Et pourtant, l'étymologie du mot allemand est loin de faire l'unanimité comme le laisse à penser Malaparte, même si l'origine yiddisch est largement reçue par la communauté linguistique.
En allemand, aucune base verbale n'est connue. Le terme est documenté depuis la Guerre de Trente Ans et apparaît dans les jeux de cartes de l'époque. On utilisait cette expression quand toutes les passes précédentes étaient perdues (on était donc „fichu“ pour la partie).
En terme d'interprétation, c'est probablement du côté du capot français qu'il faut chercher. Le même terme est justement connu dans les jeux de carte aussi (faire capot > kaputt machen – ne laisser aucune levée à faire à son adversaire, être capot – n’avoir fait aucune levée). Le terme français capot viendrait du verbe capoter – un vocable maritime désignant une protection sur la partie avant des bateaux2 et dérivé lui-même de cape + suffixe -ot. Le terme maritime faire capot qui signifie "se retourner, chavirer, capoter" a probablement la même origine (17ème siècle). Aujourd'hui encore, capoter signifie bien "aller mal, se détériorer, être mal en point". Il est possible que capoter ait été un nouvel emprunt à l'allemand après que cette langue a emprunté le terme capot au français et plaqué la signification du substantif sur le verbe.
En latin, caput signifie "tête, "chef". Il est envisagebale que le terme de kaputt n'ait pas été emprunté au français, mais au latin ecclésiastique. Cependant, non pas dans son acceptation traditionnelle ("tête"), mais à partir de l'expression caput esse ("devenir/être inutile, inutilisable"). Là encore, on se demande dans quelle mesure l'expression allemande (juridique) wieder am Kopf nehmen qui signifie "tout recommencer" ne serait pas elle aussi en rapport avec l'expresion latine, dans un glissement de sens de l'expression vers le terme originel ("Kopf/tête").
En terme d'interprétation, c'est probablement du côté du capot français qu'il faut chercher. Le même terme est justement connu dans les jeux de carte aussi (faire capot > kaputt machen – ne laisser aucune levée à faire à son adversaire, être capot – n’avoir fait aucune levée). Le terme français capot viendrait du verbe capoter – un vocable maritime désignant une protection sur la partie avant des bateaux2 et dérivé lui-même de cape + suffixe -ot. Le terme maritime faire capot qui signifie "se retourner, chavirer, capoter" a probablement la même origine (17ème siècle). Aujourd'hui encore, capoter signifie bien "aller mal, se détériorer, être mal en point". Il est possible que capoter ait été un nouvel emprunt à l'allemand après que cette langue a emprunté le terme capot au français et plaqué la signification du substantif sur le verbe.
En latin, caput signifie "tête, "chef". Il est envisagebale que le terme de kaputt n'ait pas été emprunté au français, mais au latin ecclésiastique. Cependant, non pas dans son acceptation traditionnelle ("tête"), mais à partir de l'expression caput esse ("devenir/être inutile, inutilisable"). Là encore, on se demande dans quelle mesure l'expression allemande (juridique) wieder am Kopf nehmen qui signifie "tout recommencer" ne serait pas elle aussi en rapport avec l'expresion latine, dans un glissement de sens de l'expression vers le terme originel ("Kopf/tête").
1 Duden – Herkunftswörterbuch, page 390f, entrée kapores.
2 Si vous vous demandiez pourquoi les voitures ont des capots, vous avez la réponse.
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