Il avait le culte des fins dernières, de l'essentiel, bien conscient que ce qui fait un individu, ce sont les valeurs auxquelles il croit, et qui laissent sur son visage l'empreinte de leur noblesse ou de leur vulgarité ; l'âme finit par prendre la teinte des images qui s'y forment [...] et la valeur de chacun est en rapport étroit avec la valeur des choses auxquelles il a donné de l'importance. C'est peut-être l'intuition la plus fulgurante qu'on ait eu concernant l'essence d'un être humain, la clef pour déchiffrer son histoire et sa nature : nous sommes ce en quoi nous croyons, les dieux que nous hébergeons dans notre esprit, et cette religion, sublime ou grossière, nous marque de manière indélébile, s'imprime dans nos traits et nos gestes pour devenir notre manière d'être.
Claudio Magris, Danube, page 293.
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