Nous avons changé d'hébergement pour deux nuits, Hlemmur Square étant complet les jours qui viennent. Pour l'heure, nous attendons les guides. Comme nous savons que nous ne pourrons pas nous envoler pour le Groenland aujourd'hui non plus, le plan serait de partir pour deux jours, faire la peninsule de Reykjanes en ski-pulka et rejoindre Bláa Lónid, le fameux lagon bleu. Nous passerions la nuit en tente, dans les parages, afin d'être prêts pour un vol si celui-ci est maintenu jeudi. Selon les prévisions météo donc, soit on décolle - ce qui paraît de plus en plus improbable, soit on poursuit la balade.
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Le temps est resplendissant. Nous roulons à travers des champs de lave noire comme le charbon et des payages monochromes. Après un court retour en arrière – nous sommes allés légèrement trop loin, nous trouvons enfin le phare de Bæjarfell.
Nous arrivons à Bæjarfell qui, construit en 1878, est le premier phare d'Islande. Détruit lors du tremblement de terre de 1887, il est alors déplacé sur la colline et reconstruit en 1907-08 par l'architecte Frederik Kjørboe et l'ingénieur Thorvald Krabbe.
Du sol montent des nuages de vapeur causés par l'activité géothermique du terrain.
Un petit grain passe, quelques gouttes d'eau tombent, puis le temps se dégage à nouveau...
... et nous gravissons la falaise de Valahnúkar.
Du haut de la falaise, la vue est panoramique. Côté terre : la pierre volcanique sombre qui s'étend à perte de vue, le phare rouge et blanc. Côté mer : la falaise abrupte, les embruns, la mer déchaînée.
Nous reprenons la route vers le cimetière marin de Kirkjuvogbás aperçu ce matin sur le chemin.
Les tombes reposent dans la neige, les couleurs se déclinent du blanc au brun et du gris au noir, les teintes dominantes du pays à cette saison. De gros nuages bleu sombre s'accumulent au-dessus de nos têtes, les vagues roulent au loin.
Retour au 4x4 qu'E. est allée chercher entre-temps et a garé à proximité, dans les champs de lave alentours. Cette couleur noire de la terre est vraiment particulière. Ici, la roche volcanique a plus de 120 000 ans. La légende raconte que les rochers hérissés seraient des trolls restés dehors à la tombée de la nuit et pétrifiés par la lumière du jour.
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En observant la nature du terrain et surtout sa condition - une roche trop volcanique, impraticable en ski aujourd'hui car trop peu recouverte de neige, nous abandonnons l'idée d'une randonnée en ski et pulka, et partons à pied pour traverser l'étendue de lave. L'espace est immense et d'une beauté qui dépasse toute attente. Quelle étrange et captivante structure que cette pierre noire poreuse...
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Dans les pays nordiques, on croise souvent des cairns sur son chemin. Ces amas de pierres sont placés à dessein pour marquer un lieu particulier. Le mot vient de l'écossais càrn qui a un sens beaucoup plus large dans cette langue : il désigne à la fois des types de collines et des amoncellements naturels de pierres. Le breton a le mot karn que l'on retrouve dans la toponymie des endroits où se trouvent des cairns dolméniques : île Carn, Pors Carn, Carnac… En Islande, ces cairns avaient à l'origine une seconde fonction : ils permettaient d'établir la force d'un homme voulant travailler sur les bateaux de pêche. Le futur marin devait pouvoir soulever ces monticules de pierres, catégorisés par poids :
fullsterkur ou "force totale", 155 kg
hálfsterkur ou "force partielle", 104 kg
hálfdrættingur ou "force affaiblie", 49 kg
amlóði ou "inutile", 23 kg
Le hálfdrættingur était le poids minimum qu'il fallait pouvoir soulever jusqu'au niveau des hanches pour pouvoir être enrôlé. La plus connue de ces pierres est la fameuse pierre Husafell qui pèse 190 kg. Aux alentours, toujours cette fascinante roche magmatique de basalte noire, figée dans la neige blanche...
Au bout de cinq heures de marche dans ces paysages lunaires, nous récupérons le 4x4 sur la piste, vers 20h30. Le lagon bleu, ce sera finalement pour une autre fois, car il est déjà trop tard. Nous avons tout juste le temps d'arriver à Sægreifinn, "le baron des mers", une petite baraque de pêcheurs dans le port de Reykjavik...
... où nous savourons une soupe de homard et des brochettes de hareng concotées par Kjartan Halldorsson, vieux loup des mers et sympathique chef-cuisto.
Retour à Hlemmur. Certains sacs sont restés à Hostel Village, nus sommes censés les récuperer le lendemain.
1 commentaire:
Ah, ik hou van de "Sea Griffin". Ik heb daar ook ooit een lekker kreeftensoep gehad! :-)
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