Il paraît que le Cercle d'or est un raccourci de l'Islande à travers trois sites incontournables qui ont façonné l'image de ce pays et sont inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO. Depuis Reykjavík, il faut suivre, sur 115 km, plusieurs routes (n°36, n°365, n°37) via Þingvellir et Laugarvatn. Le temps est resplendissant. En route !
A Þingvellir, nous avons rendez-vous avec l'histoire et la géologie puisque ce site, situé au centre d'un système de failles dévoilant les effets titanesques de la tectonique des plaques, fut aussi le siège du premier parlement (Althing) du pays. L'Althing est créé en 930 par le peuple Viking, à l'occasion de la fondation de l'état libre d'Islande (930-1262). La démocratie islandaise, prodigieuse anachronie en plein cours du Moyen Âge européen, est néanmoins mise entre parenthèses au cours de la domination norvégienne, puis danoise. C'est encore à Þingvellir qu'est proclamée l'indépendance de l'Islande, le 17 juin 1944.
Þingvellir se situe à l'exact rencontre des plaques eurasienne et américaine, seul endroit au monde où la dorsale médio-atlantique, le relief sous-marin qui se situe au milieu l'océan Atlantique et dans l'océan Arctique, est visible.
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La faille commence à se profiler à 333 km au sud du cercle polaire arctique, par 87° de latitude nord. C'est là que je me trouve, très exactement sur la section dite dorsale Kolbeinsey.
Il s'agit en fait d'un immense fossé d'effondrement causé par la dérive des deux continents. Curiosité géologique, on se trouve à cheval entre l'Amérique et l'Europe. Sur les rives du Þingvallavatn, le plus grand lac du pays, on pénètre un vaste champ de lave aux reliefs extraordinaires. L'ambiance est tout à fait inattendue. Marcher dans une faille de la tectonique des plaques, quelle expérience peu banale...
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Au sommet de la faille appelée Almannagja, se déroule un immense panorama d'où l'on peut admirer la rivière Öxará et plus loin, la cascade Öxarárfoss.
Toute la plaine de Þingvellir est parcourue d'une multitude de fissures parallèles. L'une d'entre elles, Peningagja, est envahie par les eaux claires du Langjokull, le "long glacier" des highlands d'Islande. Ce scintillement bleu turquoise dans ces eaux noires, voilà bien la magie du nord. Quel fascinant mélange de couleurs ! L'Islande réserve à chaque pas de nouvelles surprises qui interrogent tous les critères esthétiques.
Remarquez d'ailleurs cette petite lettre insolite qui commence le mot Þingvellir. Amusante, non ? Un ornement, presque. Il s'agit du þ islandais, linguistiquement en rapport avec le th anglais (þorn/thorn). Thor, le dieu du Tonnerre dans la mythologie nordique, s'écrit Þór en islandais. Dans l'alphabet islandais n'existent d'ailleurs ni C, ni Z, ni Q, ni W. Ces lettres ne sont utilisées que pour rendre la prononciations de mots étrangers.
Nous reprenons la route pour arriver à Geysir au bout d'une petite heure de trajet.
Geysir est un petit village à l'intérieur des terres qui a donné son nom à une incroyable manifestation géothermique. Le site se trouve dans l'une des plus petites, mais aussi des plus virulentes régions de haute température d'Islande. Situé à 120m d'altitude, le site géothermique de Geysir s'étire jusque dans la vallée de l'Haukadalur et abrite une grande variété de phénomènes naturels : geysers, sources chaudes, solfatares, fumerolles, mares bouillonnantes. Geysir vit au rythme des vibrations de la terre. Une forte odeur de soufre emplit l'air.
Non loin de là, Blesi ("la flamme") est un bassin communiquant tout à fait curieux. Le premier bassin est une source d'eau chaude d'un bleu profond. Le second bassin est rempli d'une eau froide couleur opale, où la lumière projette à la surface les reflets argentés des paillettes de silice en suspension.
La région est particulièrement réputée pour ses geysers dont le plus célèbre, Geysir, qui a donné son nom au phénomène naturel. Il est situé sur la partie orientale de la colline de Laugarfjall. Endormi depuis de nombreuses années, le "grand geyser" a repris son activité suite au tremblement de terre de l'an 2000. Il jaillit désormais à intervalles réguliers, sans pour autant atteindre les 60 à 80m de hauteur qui firent sa réputation au Moyen-Âge.
Le geyser de Strokkur est tout aussi spectaculaire car il entre en éruption toutes les 7 minutes. Il propulse une puissante colonne de vapeur pouvant grimper jusqu'à 20-25 mètres. Au moment de jaillir, une grosse bulle bleu turquoise se forme à la base de la colonne d'eau. Aucun autre geyser ne présente cette particularité. Captivant.
Entre-temps, nous gravissons la montagne pour admirer les alentours. Là-haut, le vent gonfle d'un coup et dix minutes plus tard, la neige se remet à tomber. Il faut sortir le masque-tempête, remettre les moufles étanches et attendre l'accalmie pour redescendre. Comme le temps est changeant...
Retour au 4x4 où les préparatifs sont à la fête. Toujours le fameux saumon en grosses tranches — notre festin quotidien ! — et un gâteau au chocolat à l'occasion de l'anniversaire de S. On a même prévu les bougies à allumer en catimini, abrités derrière une portière du Land. Ce sacré vent et les deux paires de moufles nous donnent du fil à retordre... Après cette petite fiesta improvisée par -5 °C, tout le monde se met sur son trente-et-un pour sortir.
Nantis de toutes les impressions de la matinée, nous partons pour une boucle hors-piste dans la forêt de sapins qui s'étend aux alentours et le long de la rivière. Le silence est total et l'abri parfait sous les conifères. Un paysage peu commun pour l'Islande qui n'est, en fait, quasiment pas boisée. Au loin, on entend les geysers tonner à intervalle régulier.
La rivière reprend son cours ici. Mais impossible de passer : le sol a un température d'au moins 70 °C à cause des sources d'eau chaude qui circulent sous la terre ! La neige fond au contact de l'eau et laisse apparaître l'herbe. Le site fume et émane à nouveau le soufre. La singularité du site, l'odeur, les tremblements, les explosions, les contrastes improbables : on se croirait en contact direct avec les entrailles de la planète.
Une dizaine de kilomètres plus loin, nous sommes revenus à notre point de départ. Notre sympathique geyser nous salue d'une dernière explosion. Direction Gullfoss !
Si Gullfoss n'est pas la plus haute chute d'eau d'Islande, elle est sans doute l'une des plus impressionnantes. L'eau y règne en maître. Situées à 9 km au nord-est de Geysir, les "chutes d'or" doivent leur nom à l'arc-en-ciel doré qui se forme au-dessus des gorges lorsque le temps s'y prête. Effectivement, un bel arc viendra orner la cascade géante dès les premières lumières du soir.
La rivière Hvita, qui prend sa source dans le glacier Langjökull 40 km en amont, dévale une étroite gorge de basalte et de palagonite pour venir se jetter sur une hauteur de 32 mètres. La chute est composée de deux larges cascades qui plongent en zigzag dans le canyon. Dans un bruit assourdissant, elles produisent un nuage de vapeur scintillant. En hiver, les cascades se figent en partie, offrant au regard des constructions de glace complexes et éphémères. Le spectacle est féerique.
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Retour dans le pourpre et le mauve du couchant. Quelle journée ! Pleine de la magie de l'hiver et des couleurs du grand nord... Quelles merveilles et quelles surprises nous réserve encore ce voyage ? La beauté sauvage de l'Islande, aux contrastes et combinaisons de structures inattendues, surprend. Demain, nous espérons quand même pouvoir enfin nous envoler pour le Groenland...
1 commentaire:
Ik heb eigenlijk een stukje van "The Golden Circle" gedeaan, maar niet in het winter. Wat leuk om jouw foto's te zien met Thingvellir, Gullfoss, en Strokker met het sneeuw overal!
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