Le Gyptis, c'est d’abord un cinéma créé en 1913, puis un théâtre, qui abrite la compagnie Chatôt-Vouyoucas à partir de 1987. En 2013, quand la compagnie se retire, le théâtre et La Friche la Belle de Mai se rapprochent pour rendre le Gyptis à sa vocation première : le cinéma. Extension de la Friche, labellisé Art & Essai, on regarde des pépites allant du film d’auteur au blockbuster, en séances flashback ou soutenues par des rencontres avec réalisateurs et réalisatrices. Repas, débats, avant-premières, ateliers cinéphiles s’ajoutent à la qualité de projection et à l’ambiance encore libre et collective.
15 oct. 2021
12 oct. 2021
De la séparation amoureuse (3)
Qu’elle parte. C’est la seule solution possible. Il est fatigué, embrouillé, se sent étouffé depuis des semaines. Trop de hurlements, de douleur qu’il est impuissant à soulever. Il respire sans l’entrave familière de ces dernières semaines. Il est plein d’une exaltation claire, devasté en même temps que libéré. Il y avait une promesse dans cette histoire, qu’il a aimée, sincérement, qui le transcendait, qui l’avait traversé depuis l’adolescence. Quand il l’a retrouvée, ça l’a d’abord rendu vivant, et sûr de ce qu’il voulait et de ce qu’il fallait faire. Mais ensuite, ça s’est trop compliqué, il ne veut pas y laisser sa peau. Il ne sait pas comment s’y prendre. […] Il voulait contre le reste du monde, avoir raison contre toutes les évidences, il pensait que c’était ça, l’amour. Il voulait prendre ce risque, avec elle, et qu’ils arrivent sur l’autre rive, sains et saufs. Mais ils réussissent juste à s’entraîner au fond, il est temps de renoncer. Se rendre, aux fameuses évidences.
Virginie Despentes, Bye Bye Blondie, pages 241/242
Labels:
chroniques réflectives
9 oct. 2021
De la séparation amoureuse (2)
Quelque chose entre s’est légérement voilé. Elle cesse d’être une sauvage absolue, sans aucun rapport avec son monde. […] Gloria se convainc que c’est passager, qu’il réfléchit un peu trop. Mais c’est tout leur univers qui glisse et cherche son point d’équilibre, détail par détail, éclat de voix par éclat de voix. Chaque affrontement se termine acccroché l’un à l’autre, et elle veut croire que les étreintes suffisent à effacer l’ardoise.
Virginie Despentes, Bye Bye Blondie, pages 201/202
Labels:
chroniques réflectives
De la séparation amoureuse (1)
Entendre son prénom lui est déjà pénible. Et il sait, d’expérience, que les premiers jours ne seront pas les plus douloureux. Les plus intenses, les plus spectaculaires, sûrement… Mais le pire ne viendrai qu’ensuite, quand la douleur brutale d’être arrachée à une histoire se sera adoucie, laissant place à cette sensation de manquen, familière, cette conscience lucide et insupportable de ce qui est irrémédiablement perdu, emporté…
Virginie Despentes, Bye Bye Blondie, pages 21/22.
Labels:
chroniques réflectives
5 oct. 2021
Du punk-rock
Autant le punk-rock s’était avéré être une formation désastreuse pour la vie réelle, ne préparant ni à l’obéissance ni à la compétitoin ni à la résignation ni aux refoulements exigés ; autant c’était une bonne école pour s’occuper d’une petite fille et ne pas chercher à l’amoindrir sous pretexte qu’il y a des cases et qu’il faudra bien qu’elle y rentre.
Virginie Despentes, Teen Spirit, page 118.
Labels:
chroniques réflectives
2 oct. 2021
De l'amour (2)
Elle me transformait, donnait sens à l’effort et à l’âge que j’avais. La sensation d’être en mission, de devoir faire quelque chose et pour une fois de savoir m’y prendre. […] Pour la première fois de ma vie, j’avais le sentiment de bien faire, sans tricher, sans imposture. D’entrer dans un rôle que j’avais le droit d’assumer et d’aimer.
Virginie Despentes, Teen Spirit, page 118.
Labels:
chroniques réflectives
De l'amour (1)
J’étais son grand héros, j’avais envie de rester à la hauteur de son affection. L’espèce d’amour qu’elle me portait était tellement entier, indiscutable, solide et vaste, que ça ne me paniquait pas. C’était un attachement qui semblait en dehors des preuves, des événements et des paroles.
Virginie Despentes, Teen Spirit, page 117.
Labels:
chroniques réflectives
1 oct. 2021
De la relation des mères à leurs fils
Elles [les mères] veulent des garçons. Les filles, ça les intéressent beaucoup moins. T’as jamais remarqué ? Les mères, avec leurs fils, elles sont toutes fières d’avoir fait ça, c’est comme si ça leur procurait une petite bite, miraculeuse procuration. C’est leur seul ticket d’entrée au monde de l’action, à tout ce qui leur est défendu… Alors qu’une fille, ça t’apporte rien de spécial, à part te sentir bien vieille quand c’est elle qui affole et plus toi.
Virginie Despentes, Teen Spirit, page 107.
Labels:
chroniques réflectives
Inscription à :
Articles (Atom)