Sous un toit, la nuit est une période morte, monotone, mais en plein air, elle passe légèrement, avec ses étoiles, ses rosées et ses parfums, et les heures sont marquées par les changements dans le visage de la nature. Ce qui paraît être unem mort momentanée pour ceux qu'étouffent murs et rideaux, n'est qu'un léger sommeil vivant pour qui dort à la belle étoile. Toute la nuit durant, il entend la nature respirer librement et profondément. Même quand elle est au repos, elle se retourne et sourit, et il est une heure exaltante inconnue de ceux qui vivent sous un toit, lorsqu'une influence ennemie du sommeil se répand sur l'hémisphère endormi, et que toutes les créatures sont debout. C'est alors que le coq chante pour la premoière fois, non pour annoncer l'aurore, mais comme un joyeux veilleur qui presse le cours de la nuit. Les troupeaux s'éveillent dans les prés, les moutons rompent leur jeûne sur les coteaux humides de rosée, et gagnent un nouveau pâturage parmi les fougères, et les hommes vagabonds, qui se sont couchés avec les oiseaux, ouvrent leurs yeux ensommeillés et contemplent la beauté de la nuit.
Robert Luis Stevenson, Voyage avec un âne dans les Cevennes, page 83.
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