Il y a, chez Zwingelstein, cet homme sans femme, sans enfants, sans famille proche ou lointaine, sans emploi, sans renom, une solitude essentielle dont il était conscient et qui lui serrait le coeur certains soirs dans sa tanière. Son désintéressement est total. Ce désintéressement, cette intégrité, cet effacement, on les chercherait en vain chez la plupart des alpinistes renommés.
Écartons d'emblée ceux qui vivent dans la société de leur temps comme un poisson dans l'eau, la clique des officiels, des politiques, des mondains, des Mazeaud, Herzog et tutti quanti. Prenez les purs ou ceux qui se prétendent tels, les ''spirituels''. Meme un Bonatti, rapidement vedette dans une économie de marché, n'a jamais atteint ce point de solitude en société et d'engagement ''anonyme'' en altitude, ce point où la montagne devient une mystique – avec ou sans Dieu invoqué, peu importe, pour reprendre l'expression de Zwingelstein. Toujours plus seul dans un jour blanc. Toujours plus seul pour être soi.
Gilles Modica, Vertiges Chroniques, chap. Leon Zwingelstein – Qu'importe !, page 219.
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