Sur la place Reine Astrid, dans la ville d'Anvers, chef-lieu de la région flamande, la station Antwerpen-Centraal. Dans les années 50, la gare d'Anvers enregistrait (avec la gare de Bruxelles-Midi), l'un des trafics les plus denses d'Europe : 136 trains de voyageurs par jour et dans chaque sens circulant entre Anvers et Bruxelles. Depuis 1998, un travail de reconstruction à large échelle a permis de faire de ce qui était un terminus une gare de passage vers le nord et les Pays-Bas, en rendant possible le trafic des TGV Bruxelles-Amsterdam. La gare comporte quatre étages et quatorze voies. En 2009, la gare d'Anvers-Central était jugée par le magazine américain Newsweek quatrième plus belle gare du monde, la première étant la gare de Saint-Pancras de Londres, la seconde, le Grand Central Terminal de New York et la troisième, le Chhatrapati Shivaji Terminus de Bombay. Allez, plus que deux à voir...
La salle principale a véritablement les dimensions d'une cathédrale, avec une voute très élevée, aux reflets de la lumière qui s'infiltre.
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Anvers, ville du diamant... une activités jadis tenue par les Juifs orthodoxes de la ville qui, depuis, n'ont plus le monopole du commerce des pierres précieuses. Arrivés dans les années 1980, les Indiens sont en passe de devenir les nouveaux maîtres de la capitale mondiale du diamant. Selon des chiffres officieux, entre 60% et 70% du commerce sont à présent entre les mains de cette communauté.
Je lisais récemment une étude montrant en quoi le métier de diamantaire serait compatible avec le jaïnisme, la religion majoritaire de la communauté :
"En raison des restrictions imposées par la religion, notamment la non-violence totale, beaucoup de professions sont exclues. Rien dans l'agriculture, rien dans l'armée, pas question d'abattre des arbres... De nombreux jaïns sont donc banquiers ou diamantaires."1
Selon De Lauwer, le fait d'avoir un solide patrimoine n'est pas incompatible avec les principes du jaïnisme :
"Le défi reste toujours de pouvoir renoncer à ces possessions. Je connais beaucoup de diamantaires indiens très riches, mais j'en connais aussi deux qui ont transmis leur entreprise à leurs enfants et qui sont à présent des moines errants en Inde. Avec pour seule possession leur habit de moine."
Au World Diamond Center, on peut voir les diamantaires tailler les diamants. Impressionnant... La beauté d'un diamant est défini par sa pureté, sa taille et sa couleur – les fameux quatre "C" : Color, Clarity, Cut, Carat. Par rapport à d'autres pierres, le brillant du diamant est, en premier lieu, dû à son indice de réfraction de la lumière élevé et à son grand pouvoir dispersif : en pénétrant, les rayons de lumière sont réfléchis à l'infini à l'intérieur de la pierre. La lumière blanche se disperse, transformée en un éventail de couleurs. Le moindre défaut peut ôter aux diamants leur valeur ; ils sont alors employés pour des applications industrielles.
Le degré de la beauté de la dispersion du diamant dépend, en second lieu et en grande partie, de la taille et du poli de la pierre. La taille des diamants s'effectue surtout à Anvers, mais aussi à Tel-Aviv (Israël) et au Gujarat (Inde) par la communauté jaïn. En Thaïlande, ce sont les rubis et les saphirs que l'on taille. Les diamants ont leurs propre éclat, mais c'est véritablement la taille experte du diamantaire qui lui donnera toute la valeur. Depuis l'apparition de la taille Tolkowsky en 1919, les diamantaires n'ont cessé de chercher à optimiser le rendu du diamant. De toutes les tailles, c'est la forme ronde, dite du brillant, qui est considérée comme la plus aboutie.
En parlant de Juif orthodoxes, c'est chez Hoffy's qu'on mange. Au numéro 52 de la Lange Kievitstraat, un appétissant comptoir attend le client, à peine franchie la porte d'entrée. Ce restaurant-traiteur casher, ouvert par les trois frères Hoffman en 1985, propose une vingtaine de recettes de viandes, de légumes et salades, spécialités de la cuisine yiddish et ashkénaze : latkes (galettes de pommes de terre), kigel, hallot (pain du sabbat), gehakte leber (hachis de foie de volaille et oignons poêlés, mixés avec des oeufs durs), boulettes de veau, gefilte fish (boulettes de poisson), rugelach (petits croissants aux raisins et aux noix), tsimess de carottes, poisson farçi, ragoût de bœuf, kreplach (bouchées de pâte garnies de viande ou de pommes-de-terre ou de chou, cuites à l'eau et servies avec une sauce tomate ou un bouillon de poulet), tchaktchouka (omelette aux légumes), kneidalah (boulettes de farine servies en accompagnement), bagel, mandelbrot... Chez Hoffy's, tout est fait maison et casher, approuvé par le mashguiah (inspecteur de la casherout) du Marsike Hadass, la communauté orthodoxe d'Anvers, "permettant de satisfaire les plus stricts comme les plus ouverts", souligne Moishe.
Anvers l'étincelante, Anvers capitale mondiale du diamant et capitale culturelle européenne, Anvers la Jérusalem du Nord, Anvers la Catholique, Anvers la Cosmopolite, Anvers la Brune... L'histoire des juifs d'Anvers commence en 1832. De nombreux juifs venus d'Europe centrale et orientale ainsi que quelques juifs portugais s'installent dans la ville pour fuir les persécutions. Anvers, ville portuaire de première importance, est l'une des étapes sur la route de ceux qui partent pour les Etats-Unis. La communauté ashkénaze, Shomre Hadas, s'organise rapidement en créant ses propres institutions. La religion juive est reconnue officiellement par la Belgique. A la fin du 19ème siècle, les plus belles synagogues d'Anvers, la Synagogue hollandaise de la Bouwmeestertraat et la Synagogue de la Van den Nestlei (Romi Goldmuntz) illuminent la ville. L'Ecole Tachkemoni, créée par le Rabbin Mochè Avigdor Amiel, dispensera un enseignement juif et profane.
De 1940 à 1945, la communauté juive n'échappe pas à la tourmente nazie et aux grandes rafles de la SS flamande, aidés par la police belge. La déportation vers les camps de la mort sera massive : sur les 25 000 Juifs de Belgique qui périrent, les deux-tiers étaient Anversois. Contrairement à la France, des excuses officielles n'ont jamais été présentées par la Belgique pour sa responsabilité dans la déportation des juifs belges. De retour des camps, les survivants reconstruisent leurs institutions et la communauté juive d'Anvers renaît peu à peu.
Accolé au quartier juif de la Pelikanstraat près de la gare centrale, le quartier des diamantaires s'étend sur dix hectares et quatre rues entre la Hovenierstraat et la Schupstraat. Dans les rues, les joailliers s'alignent les uns à côtés des autres. Il paraît qu'il faut un laissez-passer spécial pour accéder aux Bourses du diamant. Malgré cela, l'ambiance du quartier est chaleureuse. Plus de 80% de la communauté juive travaillent dans ce secteur. Parés de chapeaux noirs et de papillottes, les juifs hassidiques et orthodoxes circulent dans le quartier et lui donne une couleur pittoresque. Et c'est souvent ce que l'on vient voir à Anvers. Même si les juifs d'Anvers sont bilingues, voire polyglottes, on dit que seul le Yiddish est utilisé pour traiter en affaires. Et même si, désormais, la suprématie de l'industrie du diamant est détenue par les Hindous du Gujarat, les juifs ont marqué la tradition du commerce, et les Indiens concluent encore une affaire par un "Mazal" satisfait.
La Meir est la plus importante rue commerçante de la ville. Avec le boulevard De Keyser, la place Teniers et la rue Leys, la Meir forme un lien entre la gare d'Anvers-Central et le centre historique de la ville. C'est une rue piétonne où l'on trouve de nombreuses petites enseignes et de grands magasins de vêtements. Les devantures sont plutôt luxueuses. La plupart des commerces sont logés dans des bâtiments historiques, qui font la richesse de cette rue.
Le Grote Markt ou Grand-Place est la place centrale de la ville d'Anvers, située dans le centre historique, à quelques centaines de mètres de l'Escaut (de Scheld). Sur la place se trouvent l'hôtel de ville, les maisons de guilde (anciennes coorporations) et la fontaine Brabo, œuvre de Jef Lambeaux.
Les deux photos ci-dessus sont tirées de Wikipedia.
Ce weekend-là, on fêtait l'arrivée de Sinterklaas dans la ville.
Au bout de la place, Onze-Lieve-Vrouwekathedraal ou la Cathédrale Notre-Dame est dédiée à la Vierge Marie. Construite de 1352 à 1521, elle est l'un des cinq monuments religieux majeurs de la ville d'Anvers avec l'église Saint-Charles-Borromée, l'église Saint-André, l'église Saint-Jacques et l'église Saint-Paul. Le clocher fait partie d'un groupe de 56 beffrois et clochers de Belgique et de France inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO. Église gothique en forme de croix latine, sa construction dura presque deux siècles (de 1352 à 1521) et représente un sommet de l'art gothique brabançon. Le joyau de la cathédrale est sa tour nord de style gothique flamboyant qui mesure 123 mètres de haut.
Dans les rues d'Anvers, on voit de nombreuses vierges à l'enfant sur les façades :
L'élixir d'Anvers, fabriqué par de Beukelaer, est une liqueur créée en 1863. Elle répondait à la demande émergente d'alcools présentant diverses vertus curatives et supposément moins nocifs pour la santé que ceux consommés alors. Aujourd'hui, on le boit en apéritif ou en digestif. Trente-deux plantes et herbes macèrent dans l'alcool avec du sucre, puis l'ensemble est mis à vieillir en fûts de chêne. La fabrication dure cinq mois.
Autre détail attachant des cafés anversois : le café est servi avec son filtre, version plastique ou version inox. C'est amusant d'attendre que son café soit passé avant de le boire, le tout a un charmant petit goût de désuétude.
Petite spécialité, prise dans un café : une saucisse blanche bouillie, servie dans son bouillon avec du pain blanc et de la moutarde. En terme de goût, ce n'est pas forcément exceptionnel, mais là encore, il y a ce-je-sais-quoi de simple qui réchauffe le cœur.
... dans un café qui met les écrivains flamands à l'honneur : Quentin Matsys, Willem Elsschot, Hendrik Conscience, Hubert Lampo, Paul van Ostaijen...
Le Tunnel Kennedy relie les deux rives de l'Escaut qui partagent Anvers. Nommé d'après John Fitzgerald Kennedy, 35ème président des États-Unis, il est constitué de plusieurs tubes destinés aux différents types de circulation. Le tunnel du milieu, d'une largeur de 4 mètres et situé à 15 mètres sous le niveau de la mer, est réservé aux cyclistes. On y accède par un magnifique escalator en bois. Trois niveaux plus bas, on se balade sur presque 6 km avant de rejoindre l'autre berge.
Anvers, depuis la rive gauche de l'Escaut :
En route vers les quartiers des docks, on passe le Steen, un ancien château fortifié sur la rive droite du fleuve. C'est le plus ancien bâtiment d'Anvers, construit vers 1200–1225. À côté du Steen, sous les anciens auvents portuaires, se trouve un parc maritime où sont exposés des bateaux et vestiges du passé industriel du port. Dans ce quartier, on touche du doigt l'histoire colonialiste de la Belgique et les relations qu'elle a entretenues avec l'Afrique.
L'Eilandje, quartier des docks : hormis les bateaux, la mer et les entrepôts, on y trouve le fabuleux Museum aan de Stroom (MAS) avec ses collections des musées de l'Ethnographie, de la Marine et du Folklore qui ont pour vocation de retracer l'histoire de la ville. On déambule dans les 10 étages répartis sur 60 mètres de haut comme sur une promenade verticale. Chaque fenêtre offre un point de vue différent sur Anvers. Au sommet, la toit-terrasse permet d'admirer la ville sur 360°. Il ne faisait pas très beau, mais quel spectacle ! Le bâtiment, conçu par l'architecte néerlandais Willem Jan Neutelings, s'intègre parfaitement dans le paysage urbain. À l'extérieur, la façade en pierres rouges est couverte de petites sculptures en forme de main, le symbole de la ville d'Anvers. Chacune d'elle correspond à une donation individuelle.
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La Red Star Line affrétait des paquebots possédés par l'International Navigation Company, fondée en 1871, et la Société Anonyme de Navigation Belgo-Américaine, mise en place en 1872 à Anvers. Durant ses activités, la Red Star Line opérait entre Anvers, Philadelphie et New York. En 1881, la compagnie servait hebdomadairement dans l'Atlantique Nord. La compagnie opéra plusieurs navires prestigieux, dont certains furent aussi utilisés par la White Star Line : le Kroonland, le Vaderland, le Belgenland, le Westernland, le Lapland... Les navires de la compagnie arboraient le pavillon blanc à étoile rouge et des cheminées noires traversées par une bande blanche. Depuis 2013, le Musée Red Star Line est ouvert dans les hangars historiques de la compagnie maritime et se consacre à l'histoire des passagers et des émigrants.
Et puis, pas une visite d'Anvers sans chocolat... Château Blanc est un petit magasin de chocolats, pralines, fruits confits qui se trouve dans le centre historique de la ville et propose aussi des spécialités modernes comme les mains d'Anvers et diamants en chocolat, ainsi que de belles marques telles que Café Tasse, Dolfin, Noble, NEWTREE...
1 Chris De Lauwer, Musée Ethnographique d'Anvers.
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