13 mars 2015

Islande (10): J8 - En route vers Landmannalaugar

Ce matin, les préparations vont bon train. Au vu des devis et autres infos rassemblées hier, nous avons loué un super 4x4 qui nous permettra de passer les routes, pistes, cols et rivières à gué et d'arriver au seul et unique refuge de Landmannalaugar. L'engin est énorme... et on aura compris pourquoi à la fin de la journée. Du mauvais temps est à nouveau annoncé : même topo que mardi dernier. Nous prévoyons la journée entière pour faire moins de 200 km. Kisley, notre chauffeur et propriétaire du véhicule, par ailleurs prof de mécanique, fait 2 mètres – la bête est à la hauteur de la monture. Si on tombe en rade, ce bon Kisley saura quoi faire, hein Kisley ? D'ailleurs, il faut lui rendre honneur car il sera impressionnant pendant tout le trajet : des heures et des heures de conduite au GPS, de gonflage et dégonflage des pneus dans la neige, de pelletage pour sortir le 4x4 d'un mauvais pas, de guidage tout terrain dans la rivière.. Et ce soir il retourne à Reykjavik, après nous avoir déposé... Mais pour le moment, l'heure est au départ.
Sur la route nationale Nr. 1, nous passons Selfoss et Urridafoss.





Au bout d'une petite heure de route, nous faisons une pause à Hrauneyjar. Le relais est complètement enseveli sous la neige... Nous avons fait une cinquantaine de kilomètres, mais pas sans avoir auparavant vécu une situation hilarante digne des meilleurs films absurdes scandinaves : au sortir du dernier village et sous un ciel radieux, Kisley, distrait par une voiture qui semble faire une embardée au loin, ne voit pas freiner celle qui se trouve devant nous et réagit trop tard. Tout se passe au relanti, il faut dire que nous faisons du 10 km/h à peine. Mais nous faisons aussi trois tonnes et demie : le pare-brise de la petite polo noire tombe comme un rideau de verre. Stupeur. Imperturbable, Kisley sort, les passagers de la polo font de même : c'est un homme d'un certain âge accompagnée de sa femme, tous les deux sur leur trente-et-un. Ils sont en route pour un enterrement, nous disent-ils, sans humeur. Ah, bon ?, répond Kisley, sur le même ton inchangé. Oui. Ils échangent leur numéro respectif, ne signent aucun papier et comme si rien ne s'était passé, nous repartons.

Nous poursuivons la route pour rejoindre rapidement la piste. Très vite, celle-ci disparaît sous la neige, nous ne distinguons plus rien. Ce sont les poteaux haute-tension qui nous servent de repères pour gravir au GPS le col, à 5 km/h. Malgré son poids, la voiture tangue sous les impitoyables attaques du vent.



L'ambiance est chromatique, crayonnée, toute en nuances de gris. Les payages semblent dessinés à la mine de plomb.

















Nous faisons convoi avec deux autres véhicules que nous avons rejoints sur la piste. Kisley explique qu'avec un temps pareil, ils ne partent jamais seuls. Plusieurs fois, au cours du trajet, nous nous aiderons les uns les autres à sortir de l'enlisement et nous nous alternerons en tête du convoi.








Il faut constamment ajuster la pneumatique aux conditions du terrrain, déblayer la neige et dégager les roues.





Au bout de six heures de route dans la neige, nous touchons enfin au but. Il ne nous reste plus qu'à passer deux bras de rivière qui barrent le passage menant au refuge. Le premier bras est passé sans difficultés.
Le deuxième bras de rivière est pris dans la glace. Toute la question est de savoir si elle est suffisamment épaisse pour soutenir le poids des véhicules. Car, sinon, la rivière est trop profonde pour être passée à gué. Nous sommes les plus lourds, nous allons y aller en premiers pour tester la resistance de la glace. Allez, on attache sa ceinture et on fait sa prière. C'est parti !
Revigorante, cette petite chute dans la rivière. De l'intérieur, on voit bien mieux les choses venir, surtout pour moi assise à la place avant. Organisation du repêchage...





Impossible de passer... Qu'à cela ne tienne : nous contournerons ce bras de rivière en le remontant directement dans son lit.












Il faut maintenant rejoindre la rive et ce n'est pas encore gagné... Entre-temps, la nuit est tombée, violet profond.
















Neuf heures plus tard, dont deux heures pour les seuls deux cent derniers mètres, nous arrivons au refuge. Quelle épopée...


Après un repas bien mérité, nous trouvons que l'aventure n'est pas tout à fait terminée... Nous gagnons la rampe en bois surmontant la rivière pour une petite baignade nocturne dans les sources d'eau chaude de Landmannalaugar, sous un ciel d'encre constelé d'étoiles. La neige ajoute au calme et à la féerie du moment. Les petits flocons qui se remettent à tomber, fondent au contact de l'eau chaude. En sortant de la source, le froid glacial saisit et le ponton enneigé brûle sous les pieds. Au porgramme de demain : grasse matinée. Nous ne somme attendus nulle part...


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1 commentaire:

sf-tahoe girl a dit…

Nog een gekke dag gehad, eh? Wat leuke foto's van het auto's in het water!