28 févr. 2013

A la recherche du temps perdu (23)

[...] le spécifique pour guérir un événemet malheureux (les trois quart des événements le sont), c'est une décision ; car elle a pour effet, par un brusque renversement de nos pensées, d'interrompre le flux de celles qui viennent de l'événement passé et dont elles prolongent la vibration, de le briser par un flux inverse de pensées inverses, venu du dehors, de l'avenir. Mais ces pensées nouvelles ne nous sont bienfaisantes [...] quand, du fond de cet avenir, c'est une espérance qu'elles nous apportent.
Proust, Albertine disparue, page 28.

26 févr. 2013

A la recherche du temps perdu (22)

Mais – et la suite le montrera davantage, comme bien des épisodes ont déjà pu l'indiquer – de ce que l'intelligence n'est pas l'instrument le plus subtil, le plus puissant, le plus approprié pour saisir le vrai, ce n'est qu'une raison de plus pour commencer par l'intelligence et non par un intuitivisme de l'inconscient, par une foi aux pressentiments toute faite. C'est la vie qui, peu à peu, cas par cas, nous permet de remarquer que ce qui est le plus important pour notre cœur, ou pour notre esprit, ne nous est pas appris par le raisonnement mais par des puissances autres. Et alors, c'est l'intelligence elle-même qui se rendant compte de leur supériorité, adbique par raisonnement devant elles, et accepte de devenir leur collaboratrice et leur servante. Foi expérimentale.
Proust, Albertine disparue, page 7.

A la recherche du temps perdu (21)

Ainsi les hommes peuvent avoir plusieurs sortes de plaisirs. Le véritable est celui pour lequel il quitte l'autre. Mais ce dernier, s'il est apparent, ou même seul apparent, peut donner le change sur le premier, rassure ou dépiste les jaloux, égare le jugement du monde. Et pourtant il suffirait pour que nous le sacrifiions à l'autre d'un peu de bonheur ou d'un peu de souffrance. Parfois un troisième ordre de plaisirs plus graves, mais plus existentiels, n'existe pas encore pour nous chez qui sa virtualité ne se traduit qu'en éveillant des regrets, des découragements.
Proust, Sodome et Gomorrhe, page 108.

A la recherche du temps perdu (20)

Mais presque sans dissimulation, qu'une vie déjà avancée lui eût ôté soit la volonté morale, par l'indifférence à l'opinion, soit le pouvoir physique, par l'exaltation du désir et l'affaiblissement des ressorts qui aident à le cacher, dès que Swann eut, en serrant la main de la marquise, vu sa gorge tout près et de haut, il plongea un regard attentif, sérieux, absorbé, presque soucieux, dans les profondeurs du corsage, et ses narines, que le parfum de la femme grisait, palpitèrent comme un papillon prêt à aller se poser sur la fleur entrevue.
Proust, Sodome et Gomorrhe, page 106.

25 févr. 2013

A la recherche du temps perdu (19)

D'autres part, les gens qui rient si fort de ce qu'ils disent, et qui n'est pas drôle, nous dispensent par-là, en prenant à leur charge l'hilarité, d'y participer.
Proust, Sodome et Gomorrhe, page 100.

24 févr. 2013

A la recherche du temps perdu (18)

Telle est la lâcheté des gens du monde.
Celle d'une dame qui vint me dire bonjour en m'appelant par mon nom fut plus grande encore. Je cherchais à retrouver le sien tout en lui parlant ; je me rappelais très bien avoir dîné avec elle, je me rappelais des mots qu'elle avait dits. Mais mon attention, tendue vers la région intérieure où il y avait ces souvenirs d'elle, ne pouvait y découvrir son nom. Il était là pourtant, ma pensée avait engagé comme une espèce de jeu avec lui pour saisir ses contours, la lettre par laquelle il commençait, et l'éclairer enfin tout entier. C'était peine perdue, je sentais à peu près sa masse, son poids, mais pour ses formes, les confrontant au ténébreux captif blotti dans la nuit intérieure, je me disais : ''Ce n'est pas cela''. Certes mon esprit aurait pu créer les noms les plus difficiles. Par ailleurs, il n'avait pas à créer mais à reproduire. Toute action de l'esprit est aisée si elle n'est pas soumise au réel. Là, j'étais forcé de m'y soumettre. Enfin d'un coup le nom vint tout entier : ''Madame d'Arpajon''1. J'ai tort de dire qu'il vint, car il ne m'apparut pas, je crois, d'une propulsion de lui-même. Je ne pense pas non que les légers et nombreux souvenirs qui se rapportaient à cette dame, et auxquels je ne cessais de demander de m'aider (par des explorations comme celles-ci : ''Voyons, c'est cette dame qui est amie de Mme de Souvré, qui éprouve à l'endroit de Victor Hugo une admiration si naïve, mêlée de tant d'effroi et d'horreur''), je ne crois pas que tous ces souvenirs, voletant entre moi et son nom, aient servi en quoi que ce soit à le renflouer. Dans ce grand ''cache-cache'' qui se joue dans la mémoire quand on veut retrouver un nom, il n'y a pas une série d'appoximations graduées. On ne voit rien, puis tout d'un coup apparaît le nom exact et fort différent de ce qu'on croyait deviner. Ce n'est pas lui qui est venu à nous. Non, je crois plutôt qu'au fur et à mesure que nous vivons, nous passons notre temps à nous éloigner de la zone ou un nom est distinct, et c'est par un exercice de ma volonté et de mon attention, qui augmentait l'acuité de mon regard intérieur, que tout d'un coup j'avais percé la demi-obscurité et vu clair. En tous cas, s'il y a des transitions entre l'oubli et le souvenir, alors ces transitions sont inconscientes. Car les noms d'étape par lesquels nous passons, avant de retrouver le nom vrai, sont, eux, faux, et ne nous rapprochent en rien de lui. Ce ne sont même pas à proprement parler des noms, mais souvent de simples consonnes et qui ne se retrouvent pas dans le nom retrouvé. D'ailleurs, ce travail de l'esprit passant du néant à la réalite est si mystérieux, qu'il est possible après tout que ces consonnes fausses soient des perches préalables, maladroitement tendues pour nous aider à nous accrocher au nom exact. ''Tout ceci, dira le lecteur, ne nous apprend rien sur le manque de complaisance de cette dame ; mais puisque vous vous êtes si longtemps arrêté, laissez-moi, monsieur l'auteur, vous faire perdre une minute de plus pour vous dire qu'il est fâcheux que, jeune comme vous l'étiez (ou comme était votre héros s'il n'est pas vous), vous eussiez déjà si peu de mémoire, que de ne pouvoir vous rappeler le nom d'une dame que vous connaissiez fort bien.'' C'est très fâcheux en effet, monsieur le lecteur. Et plus triste que vous croyez quand on y sent l'annonce du temps ou les noms et les mots disparaîtront de la zone de la pensée, et où il faudra, pour jamais, renoncer à se nommer à soi-même ceux qu'on a le mieux connus. C'est fâcheux en effet qu'il faille ce labeur dès la jeunesse pour retrouver des noms qu'on connaît bien. Mais si cette infirmité ne se produisait que pour des noms à peine connus, très naturellement oubliés et dont on ne voulût pas prendre la fatigue de se souvenir, cette infirmité-là ne serait pas sans avantages. ''Et lesquels, je vous prie ?'' Hè, monsieur, c'est que le mal seul fait remarquer et apprendre, et permet de décomposer les mécanismes que sans cela on ne connaîtrait pas. Un homme qui chaque soir tombe comme une masse dans son lit et ne vit plus jusqu'au moment de s´éveiller et de se lever, cet homme-là songera-t-il jamais à faire, sinon de grandes découvertes, au moins de petites remarques sur le sommeil ? A peine sait-il s'il dort. Un peu d'insomnie n'est jamais inutile pour apprécier le sommeil, projeter quelque lumière dans cette nuit. Une mémoire sans défaillance n'est pas un puissant excitateur à étudier les phénomènes de mémoire. ''Enfin, Mme d'Arpajon vous présentera-t-elle au prince ?'' Non, mais taisez-vous et laissez-moi reprendre mon récit.
Proust, Sodome et Gomorrhe, page 50-52.

18 févr. 2013

A la recherche du temps perdu (17)

Les formes de l'esprit sont si variées, si opposées, non seulement dans la littérature, mais dans le monde, qu'il n'y a que Baudelaire et Mérimée qui ont le droit de se mépriser réciproquement. Ces particularités forment, chez toutes les personnes, un système de regards, de discours, d'actions si cohérent, si despotique, que quand nous sommes en leur presence il nous semble supérieur au reste.
Proust, Le Côté de Guermantes, page 552.

A la recherche du temps perdu (16)

- ''Ah ! La Haye, quel musée !'', s'écria M. de Guermantes. Je lui dis qu'il avait sans doute admiré La vue de Delft de Vermeer. […]
- ''Si c'est à voir, je l'ai vu !"
- ''Comment ! Vous avez fait le voyage de Hollande et vous n'êtes pas allé à Harlem ? s'écria la duchesse. Mais quand même vous n'auriez pas eu un quart d'heure, c'est une chose extraordinaire à avoir vue que les Hals. Je dirais volontiers que quelqu'un qui ne pourrait les voir que du haut d'une impériale de tramway sans s'arrêter, s'ils étaient exposés du dehors, devrait ouvrir les yeux tout grands.''
Cette parole me choqua comme méconnaissant la façon dont se forme en nous les impressions artistiques, et parce qu'elle semblait impliquer que notre œil est dans ce cas un simple appareil enregistreur qui prend des instantanés.
Proust, Le Côté de Guermantes, page 507.
Quelques œuvres collection du Frans hals Museum, Groot Heiligland 62, 2011 ES Haarlem, Pays-Bas.

A la recherche du temps perdu (15)

En amour, souvent, la gratitude, le désir de faire plaisir, font donner au-delà de ce que l'espérance et l'intérêt avaient promis.
Proust, Le Côté de Guermantes, page 464.

A la recherche du temps perdu (14)

Hè bien, à ce moment de l'année, quand on invitait à dîner la duchesse de Guermantes, en se pressant pour qu'elle ne fût pas retenue, elle refusait pour la seule raison à laquelle un mondain n'eût jamais pensé : elle allait partir en croisière pour visiter les fjords de la Norvège qui l'intéressaient. Les gens du monde en furent stupefaits et, sans se soucier d'imiter la duchesse, éprouvèrent pourtant de son action l'espèce de soulagement qu'on a dans Kant quand, après la demonstration la plus rigoureuse du déterminisme, on découvre qu'au-dessus du monde de la nécessité il y a celui de la liberté.
Proust, Le Côté de Guermantes, page 462.

A la recherche du temps perdu (13)

[...] et il semble que dans une société égalitaire la politesse disparaîtrait, non, comme on croit, par le défaut de l'éducation, mais parce que chez les uns disparaîtrait la déférence due au prestige qui doit être imaginaire pour être efficace, et surtout chez les autres l'amabilité qu'on prodigue et qu'on affine quand on sent qu'elle a pour celui qui la reçoit un prix infini, lequel dans un monde fondé sur l'égalité tomberait subitement à rien, comme tout ce qui n'avait qu'un valeur fiducière.
Proust, Le Côté de Guermantes, page 440.

A la recherche du temps perdu (12)

J'ai dit […] ce que je pense de l'amitié : à savoir qu'elle est si peu de chose que j'ai peine à comprendre que des hommes de quelque génie, et par exemple un Nietzsche, aient eu la naïveté de lui attribuer une certaine valeur intellectuelle et en conséquence de se refuser à des amitiés auxquelles l'estime intellectuelle n'eût pas été liée. Oui, cela m'a toujours été un étonnement de voir qu'un homme qui poussait la sincérité ave lui-même jusqu'à se détacher, par scrupule de conscience, de la musique de Wagner, se soit imaginer que la vérité peut se réaliser dans ce mode d'expression par nature confus et inadéquat que sont, en général, des actions et, en particulier, des amitiés, et qu'il puisse y avoir une signification quelconque dans le fait de quitter son travail pour aller voir son ami et pleurer avec lui en apprenant la fausse nouvelle de l'incendie du Louvre.
Proust, Le Côté de Guermantes, page 383.

En 1872, Nietzsche, professeur de philologie de l'Université de Bâle, met à mal l'opinion de ses collègues en publiant un livre qui préconise, pour assumer collectivement les maux du monde moderne, le remède des Grecs de l'Antiquité : la tragédie musicale. Dans la Naissance de la Tragédie, fille du génie de la Musique, Nietzsche plaide en faveur de Wagner, une amitié profonde et agitée qu'évoque Proust dans ce passage du Côté de Guermantes. Du côté de l'Histoire, les communards, pour se venger de la politique de retour à l'ordre menée par Adolphe Thiers, incendient à l'aide de liquides inflammables plusieurs édifices et en particulier des monuments publics historiques : le palais des Tuileries, symbole du pouvoir royal et impérial, le palais de justice, le palais de la Légion d'honneur, le palais d'Orsay où siégeait la cour des comptes, l'aile centrale du Palais-Royal où siégeait le conseil d'État, l'hôtel de ville, la galerie de tapisseries de la Manufacture des Gobelins, le ministère des finances et la Bibliothèque impériale au Louvre. Le 24 mai, le palais du Louvre et ses collections échappent aux flammes.

À l'annonce de l'incendie du Louvre par les insurgés, "je suis resté quelques jours complètement anéanti, livré aux larmes et aux doutes : toute l'existence d'un savant et d'un philosophe-artiste m'apparut comme une absurdité dès lors qu'un seul jour pouvait faire disparaître les plus magnifiques oeuvres d'art, voire des périodes artistiques entières"*, écrit Nietzsche Par la suite, la nouvelle est démentie, mais l'état d'esprit de Nietzsche reste égal, ainsi qu'en témoigne le passage suivant, daté de quelques années après : "Automne – souffrance – chaumes – viscaires, asters. Tout à fait la même impression que lors du prétendu incendie du Louvre – sentiment d’un automne de la culture. Jamais souffrance n’a été plus profonde."

Jacob Burckhardt, grand historien bâlois, relate le même événment : "Une partie de moi s'est effondrée avec le Louvre". A ce qu'on dit, Jacob Burckhardt avait passé, lors de son séjour à Paris trente ans plus tôt, au moins une heure et demie chaque jour dans les collections (visites qui l'ont inspiré pour des ouvrages qui l'ont ensuite rendu célèbre : le Cicerone, La Civilisation de la Renaissance en Italie, et L'Histoire de la civilisation grecque).

Après avoir adressé à son ami Wagner des louages mêlées de réserves dans la quatriême des Considérations inactuelles, Nietzsche s'en prend violemment au compositeur dans Le Cas Wagner, lui reprochant son pangermanisme et une grandoioquence de la forme destinée à masquer une indigence du fond. Nietzsche, écrivait Daniel Halevy**, ''avait rompu avec maints camarades : l'amitié virile sans l'accord spirituel, jugeait-il, est indigne''. Une lettre de Nietzsche à Mlle de Meysenburg, qui l'accusait d'avoir commis un acte indélicat en publiant Le Cas Wagner, est citée : ''Vous n'avez jamais compris ni une de mes pensées ni un de mes désirs... Wagner est un génie, mais un génie de mensonges ; et j'ai l'honneur d'être le contraire : un génie de vérité...'' Dans le Carnet 1, Proust note : ''On sait ce que je pense de l'amitié ; je la crois si nulle que je ne suis même pas exigeant intellectuellement pour elle, et, quand Nietzsche dit qu'il n'admet pas une amitié où il n'y ait pas estime intellectuelle, cela me semble bien mensonger pour ce detracteur de Wagner ''génie du mensonge''. D'ailleurs sa visite à... sur la destruction du Louvre est bien menteuse aussi. Que peut nous faire ce qui n'est pas en nous ?

* Lettre à Gersdorff du 21 juin 1871 (Friedrich Nietzsche, Naissance de la Tragédie).

** Le Journal des Debats, 18 aout 1909.

A la recherche du temps perdu (11)

Désertée dans les milieux intermédiaires qui sont livrés à un mouvement perpétuel d'ascension, la famille joue, au contraire, un rôle important dans les milieux immobiles comme la petite bourgeoisie et l'aristocratie princière, qui ne peut chercher à s'élever puisque, au-dessus d'elle, à son point de vue spécial, il n'y a rien.
Proust, Le Côté de Guermantes, page 365.

14 févr. 2013

Paardenvlees en cultuur

Met betrekking tot het schandaal over paardenvlees dat in Engeland uit brak hoorde ik onglangs een interessant gegeven i.v.m. de culturele en symbolische connotatie van het paard in diverse landen – wereldwijd en vln. in Engeland vs. Frankrijk. In Engeland wordt namelijk nauwelijks paardenvlees gegeten, in Frankrijk wel. Misschien juist daarom is het schandaal daar groot en zwelt de publieke opinie aan: paardenvlees eten was in heel Europa gebruikelijk tot Paus Gregorius III in het jaar 732 het gebruik verbood o.m. om de macht van de katholieke kerk tegen heidense gewoontes te versterken. In de loop van de XXe eeuw, specifiek sinds de jaren 60, ging het paard steeds meer de status van een huisdier, de edele compagnon en vriend van de mens aannemen en ging de consumptie van dit vlees ook terug. Blijkbaar is deze specifiek culturele en symbolische status van het paard cultureel sterker in Engeland dan bijvoorbeeld in Latijnse landen. Het geld ook voor de konijn, trouwens: ik vroeg mij af waar de fictionele konijntjes uit de literatuur of het televisie-landschap vandaan komen. Ik kon mij namelijk aan geen echte Franse bunny herinneren. Allemaal uit Engeland of de Anglo-Amerikaanse cultuur dus. Jij hebt in die landen tekenfilmpjes waarvan konijnen de helden zijn of tenminste een positieve rol spelen: o.m. de boekenserie van Beatrix Potter, Bugs Bunny, Peter Rabbit, Roger Rabbit, etc.* En juist in Engeland wordt er ook nauwelijks konijnenvlees gegeten (anders dan in Frankrijk of Italië) terwijl konijnenvlees licht, gezond, mager, mals en bovendien lekker is - net paardenvlees (zeer mager en rijk aan ijzer). Geschikt voor de menselijke voeding, zou jij denken. 

Op de Franse Wikipedia las ik ook: 

L'hippophagie est une pratique alimentaire consistant à consommer de la viande de cheval. Connue depuis la Préhistoire et pratiquée par de nombreux peuples eurasiatiques durant l'Antiquité, à l'exception des gréco-romains, elle est souvent associée à des pratiques rituelles païennes qui poussent l'Église catholique du Moyen Âge à la prohiber. Elle demeure lors des périodes de famine ou de disette, ainsi que chez les peuples asiatiques nomades comme les Mongols. Pratiquée à grande échelle en France depuis la fin du XIXe siècle, elle a fortement baissé entre les années 1960 et les années 2000. Les États-Unis l'ont rendue illégale dans plusieurs États. Le scandale sanitaire de la trichinellose, les « images choc » des conditions de transport des animaux de boucherie, et surtout la place symbolique et historique du cheval entretiennent une controverse, et expliquent la désaffection pour cette pratique alimentaire dans certains pays occidentaux. Les pays latins, sud-américains (à l'exception du Brésil), scandinaves, d'Asie centrale (populations nomades du Kazakhstan et du Kirghizistan) et de l'Est (Chine, Japon) sont traditionnellement hippophages, par opposition aux pays anglo-saxons, considérés comme non hippophages. La religion juive et l'hindouisme interdisent la consommation de viande de cheval, les oulémas musulmans sont mitigés. À l'échelle mondiale, l'hippophagie est en augmentation et 4,7 millions de chevaux par an sont destinés aux huit pays les plus consommateurs.

12 févr. 2013

A la recherche du temps perdu (10)

Le téléphone n'était pas encore à cette époque d'un usage aussi courant qu'aujourd'hui. Et pourtant l'habitude met si peu de temps à dépouiller de leur mystère les forces sacrées avec lesquelles nous sommes en contact que, n'ayant pas eu ma communication immédiatement, la seule pensée que j'eus, ce fut que c'était bien long, bien incommode, et presque l'intention d'adresser une plainte : comme nous tous maintenant, je ne trouvais pas assez rapide à mon gré, dans ses brusques changements, l'admirable féerie à laquelle quelques instants suffisent pour qu'apparaisse près de nous, invisible mais présent, l'être à qui nous voulions parler et qui, restant à sa table, dans la ville qu'il habite (pour ma grand-mère, c'était Paris), sous un ciel différent du nôtre, par un temps qui n'est pas forcément le même, au milieu de ciconstances et de préoccupations que nous ignorons et que cet être va nous dire, se trouve tout à coup transporté à des centaines de lieues (lui et toute l'ambiance où il reste plongé) près de notre oreille, au moment où notre caprice l'a ordonné.
Proust, Le Côté de Guermantes, page 125.

11 févr. 2013

Amsterdam sous la neige (4)

Amsterdam, décembre 2012, Keizersgracht. Cliquer sur la photo pour agrandir.

Amsterdam sous la neige (3)

Amsterdam, décembre 2012, Keizersgracht/Reguliersgracht. Cliquer sur la photo pour agrandir.

10 févr. 2013

A la recherche du temps perdu (9)

On a dit que le silence était une force ; dans un tout autre sens, il est en est une terrible à la disposition de ceux qui sont aimés. Elle accroît l'anxiété de qui attend. Rien n'invite tant à se rapprocher d'un être que ce qui en separe et quelle plus infranchissable barrière que le silence ? On a dit aussi que le silence était un supplice, et capable de rendre fou celui qui y est astreint dans les prisons. Mais quel supplice – plus grand que de garder le silence – de l'endurer de ce qu'on aime !
Proust, Le Côté de Guermantes, page 114.

Schiermonnikoog

 
En partant d'Amsterdam, Schiermonnikoog est la cinquième île habitée de l'archipel de la Frise : Skiermûntseach en frison, schier signifiant 'gris' et oog étant l'une des formes éthymologiques de ei dans eiland <île>). Schiermonnikoog, une île où une centaine d'autochtones encore parlent le Eilanders (ou Schiermonnikoogs), un dialecte du frison standard. Sous diverses influences extérieures, ce dialecte est peu à peu supplanté par le frison et le néerlandais. Les habitants de Schiermonnikoog appellent leur île Lytje Pole, litteralement 'petit pôle' (petit morceau de terre). L'île ne compte qu'un seul village du même nom  – 963 habitants – qui font de Schiermonnikoog la plus petite commune des Pays-Bas et celle située la plus au nord. Au nord la Mer du Nord, au sud la Mer des Wadden, 18 km et 10 jours entre ciel et terre.
 
Arrivée en bâteau sous une tempête de neige et premières journées de balade :











Les journées suivantes, le soleil se lève... Grande randonnée dans le sud de l'île et le long de la plage :









Retour par les dunes de l'intérieur de l'île :



Les jours suivants, temps magnifique et ce, jusqu'à la fin du séjour.
Randonnée dans les marais :














Réchappés des marais de justesse.
Un joli coucher de lune illumine le chemin du retour :
Le lendemain, détour par la hutte d'observation des oiseaux.
Panorama du lac :
... et randonnée sur la plage...









Lac Berkenplas :
... et randonnée via le bunker Wassermann qui formait une partie du mur de l'Atlantique s'étendant de la Norvège à l'Espagne. Le bunker devait opérer comme base pour une antenne-radar géante de 40 mètres. Nom de code du bunker: L480. Nom de code de l'antenne : Wasserman-S(chwer). L'antenne ne fut cependant jamais placée, les fondaisons permettant sa pose ayant été sabotées. Un autre bunker Wassermann fut finalement érigé à un autre emplacement.
Vue depuis le Wassermann :
... et poursuite de la balade par la forêt et les Kobbeduinen :

















Retour par la côte à la tombée de la nuit :

Randonnée dans les terres et visite du cimetière marin de noyés Vredenhof :

Les dunes, paysage typique des îles de la Frise et des côtes néerlandaises :




















Retour par Groningue. Hall de la gare, réhabilité il y a une dizaine d'années :



Quelques vidéos pour saisir la nature de Schiermonnikoog sans ses éléments primaires : le cri des oies migratrices, le soleil, la lumière, le vent sur le sable, la mer, le monochrome des couleurs, au loin le phare, la beauté des dunes, leurs couleurs, le désolement, l'isolement, la solitude, le vent dans les joncs :