22 sept. 2014

Vertiges Chroniques (4): De la dénomination des lieux

''L'illusion des noms est quelque chose de prodigieux'', écrit Chateaubriand dans son Itinéraire de Paris à Jérusalem. […] Dans un nom, il y a ce que j'ai appris, entendu, rêvé, oublié, un mélange de connu et d'inconnu, ma part à moi qui rumine et brasse les images d'une histoire ou d'un souvenir. […] Certaines aiguilles de Chamonix, comme le Grépon ou les Grands Charmoz, portent des noms coutumiers, probablement préceltiques, repris et remâchés par des collèges de druides.
Gilles Modica, Vertiges Chroniques, chap. Les aiguilles de Chamonix, quelques reflexions sur la toponymie, pages 350/351.

21 sept. 2014

Vertiges Chroniques (3): De la rapidité et de la lenteur

La lenteur d'un alpiniste a toujours été interprétée comme un manque de maîtrise, comme un signe de méforme ou d'insuffisance technique. Inversement, la rapidité est un critère d'aisance, de virtuosité. Une course n'est pas une promenade. Lorsque l'on s'engage dans une grande paroi, toute perte de temps a quelque chose d'agaçant et peut être consideré comme une abus d'insouciance.
Gilles Modica, Vertiges Chroniques, chap. L'invention du bivouac (''Oubliez la crainte ridicule de mourir de froid au cours de votre sommeil.'' Paul-Emile Victor), page 284.

20 sept. 2014

Vertiges Chroniques (2): De la qualité morale de la solitude

Il y a, chez Zwingelstein, cet homme sans femme, sans enfants, sans famille proche ou lointaine, sans emploi, sans renom, une solitude essentielle dont il était conscient et qui lui serrait le coeur certains soirs dans sa tanière. Son désintéressement est total. Ce désintéressement, cette intégrité, cet effacement, on les chercherait en vain chez la plupart des alpinistes renommés.
Écartons d'emblée ceux qui vivent dans la société de leur temps comme un poisson dans l'eau, la clique des officiels, des politiques, des mondains, des Mazeaud, Herzog et tutti quanti. Prenez les purs ou ceux qui se prétendent tels, les ''spirituels''. Meme un Bonatti, rapidement vedette dans une économie de marché, n'a jamais atteint ce point de solitude en société et d'engagement ''anonyme'' en altitude, ce point où la montagne devient une mystique – avec ou sans Dieu invoqué, peu importe, pour reprendre l'expression de Zwingelstein. Toujours plus seul dans un jour blanc. Toujours plus seul pour être soi.
Gilles Modica, Vertiges Chroniques, chap. Leon Zwingelstein – Qu'importe !, page 219.

19 sept. 2014

Vertiges Chroniques (1): De la marche

On n'a rien vu lorsqu'on n'a fait que voir. Une marche, c'est un effort de nos racines, des odeurs dans le nez, une succession d'attentes et de sensations, d'épreuves et de relâchements qui font voir.
Gilles Modica, Vertiges Chroniques, chap. Monsieur Topffer ou l'invisible Mont-Blanc, page 49.

18 sept. 2014

Amsterdam, Filmhallen

Depuis des années, je passe devant au moins deux fois par semaine. Un très beau complexe industriel, longtemps en friche, un temps squatté (ah, le camion DJ punk du jeudi soir !). La remise de tramway et son atelier était à une époque pas si lointaine le "cœur ouvrier" du quartier.


Photos prises entre 2009 et 2010.
Il est à nouveau accessible au public depuis quelques semaines sous la forme d'un centre culturel où ce sont désormais les idées qui sont à l'œuvre. Le passage central forme l'axe principal. A l'équerre et dans le prolongement de la Bellamyplein, le monumental Hal 3 qui forme le second axe : un marché local couvert (De Foodhallen), un restaurant dont la carte a du corps (Meat West), une brasserie vintage-chique (Basserie 3). Une grande terrasse extérieure invite à la flânerie pour quelques instants – ou à la consommation ? Les deux concepts marchent main dans la main dans nos sociétés urbaines post-modernes. Dans les autres halls, sinon : un atelier de réparation de vélo (Recycle), des galeries d'artistes, un coiffeur. Sous le complexe : un parking à vélo disposant de 600 places. Les lumières de la bibliothèque municipale (OBA) et du café litéraire Belcampo (Hal 1) scintillent la nuit (licht achter de gevel, comme dit la jolie expression néerlandaise) et constituent un point d'ancrage social pour le voisinage. Il paraît que la place et la Tollensstraat deviendront des zones piétonnières. C'est bien. Mais surtout...
Hal 2, un nouvel ensemble de salles de cinéma à la programmation variée, avec une mention spéciale pour la Parisienzaal (salle 7). Son intérieur entièrement Art Déco date de 1924 et provient à l'origine du Cinema Parisien de Jean Desmet (Nieuwendijk de 1910 à 1987). Elle se trouvait jusqu'en 2012 dans le Vondelparkpaviljoen, l'ancien Filmhuis refondé et transféré en 2012 au EYE Instituut. Ce sont les propriétaires de The Movies, autre cinéma Art Déco et le plus ancien de la ville, qui sont à l'origine de l'initiative de reconstitution de la salle. Elle est inscrite depuis 2011 au patrimoine modial de l'UNESCO.


Les deux dernières photos sont tirées de filmhallen.nl.

15 sept. 2014

14 sept. 2014

Lost Highway (42): Soester Duinen

Les Soester Duinen (dunes de Soest) sont un domaine naturel de la province d'Utrecht, au sud de la petite ville de Soest. Ce domaine se caractérise par un ensablement très important, à proximité des forêts, bosquets et champs de bruyère. Il s'agit en fait de la partie septentrionale de la fameuse Utrechtse Heuvelrug.
La ligne de chemin de fer d'Utrecht à Amersfoort forme la frontière sud du domaine. La route provinciale 413 qui va de Soest à Soesterberg partage les Soester Duinen en deux parties : à l'ouest se trouvent les Lange Duinen, de loin l'aire la plus étendue et peut-être aussi la plus belle, et à l'est les Korte Duinen.
Il s'agit d'un véritable désert de sables mouvants. Etonnant pour les Pays-Bas ? Pas vraiment, car le pays regorge de mini-déserts et autres formations de sables et de dunes. D'ailleurs, cet espace et le phénomène géologique sous-jacent de dunes mouvantes sont officiellement protégés et se trouvent sur la liste des monuments géologiques des Pays-Bas (Aardkundige Monument).
Aux premiers abords, c'est un énorme bac à sable. A y regarder de plus près, on y découvre d'autres formations : cuvettes, petites dépressions, bosquets, bruyère... Les dunes les plus anciennes sont couvertes de pins sylvestres, dont les racines sont souvent découvertes et offrent de curieuses formations au regard. Quelques photos de ce samedi 13/09. Départ du café-restaurant De Korte Duinen, env. 15 km :
Cliquer sur les photos pour agrandir.

De paardenkamp (créé en 1962). Maison de repos pour chevaux et poneys en fin de vie.
On en compte plus de 500.



Arrivée sur les Lange Duinen :































Cîmes intérieures (11)

On ne peut pas grimper de manière distraite. Plus qu'une extrême concentration, l'escalade, en ce sens, correspondrait à ce que Marc Aurèle nommait la prosoke, c'est-à-dire un exercice d'attention à soi-même, de conscience permanente de son effort et d'une présence à soi. On est exactement là où on doit être, on ne pourrait pas être ailleurs.
Fabrice Lardreau, Cîmes intérieures, page 189. Portrait de Sylvain Tesson, philosophe.

Cîmes intérieures (10)

Michel Serres raconte cet épisode vécu lors de la descente de la barre des Ecrins. Un pont de neige cède et Anne-Marie tombe dans l'ab1ime. En silence. Ils s'approchent de la crevasse et appellent leur compagne de cordée. D'en bas, une voix méconnaissable leur repond : celle d'une homme, qui réclame une corde. Ils mettent en place cette dernière et remontent effectivement un alpiniste, tombé l'avant-veille dans la rimaye et qui se mourait de froid, de faim. Ils remontent l'accidenté, puis leur compagne, auxquels ils prodiguent les premiers soins, avant de gagner un refuge. La probabilité que ce pont de neige cède à cet endroit précis était infime ! Ce malheur devenait subitement un bonheur.
Fabrice Lardreau, Cîmes intérieures, page 173. Portrait de Michel Serres, philosophe.

Cîmes intérieures (9)

Le dieu antique Hermes […] était vénéré par les Grecs comme inventeur de l'alphabet, de la musique, de l'astronomie, des poids et mesures et de la gymnastique. L'attention du corps est d'ailleurs une constante dans le travail de [Michel Serres], qui a toujours considéré le corps comme une interface, et non une limite entre le moi et le monde.
Fabrice Lardreau, Cîmes intérieures, page 171. Portrait de Michel Serres, philosophe.

Cîmes intérieures (8)

Une autre face de l'inhabitable... comme la mer et le désert [...], la haute montagne est une manière de découvrir le monde tel qu'il est, sans présence humaine, l'inhabité. […] J'ai éprouvé en mer des sensations comparables à celles de la montagne [...]. Le parallèle entre les deux univers m'a toujours frappé. Il y a une communaute de gens de la mer et de la montagne (et sans doute aussi du désert), à la fois par l'expérience du paysage, de l'objet et de la planète.
Fabrice Lardreau, Cîmes intérieures, page 169/170. Portrait de Michel Serres, philosophe.

La Cagole, bière du cabanon

La Cagole est une marque déposée de bière française créée en 2003 à Marseille par Christophe Van Ecken et Yves Darnaud. Cette bière est brassée majoritairement en République tchèque et de manière moins importante dans une brasserie marseillaise du Panier. Avec environ deux millions de bouteilles par an, la Cagole est une bière blonde de type Pilsen qui se veut légère avec, selon son créateur, "un léger arôme de miel". Il existe aussi une Cagole blanche et une blonde moins alcoolisée, la Cagole spécial cagnard. Plusieurs déclinaisons ont été annoncées : ambrée, à l'anis, à la figue, au marc, au pistou et sans alcool.

13 sept. 2014

Marseille, Villa Méditerranée (esplanade J4)




Cliquer sur les photos pour agrandir.

Marseille, Promenade Robert Laffont (esplanade J4)


Cliquer sur les photos pour agrandir.