31 mai 2014

Claudio Magris, Danube (4)

[...] c'est l'importance donnée au respect et à la fidélité, qui est en soi une grande valeur, puisqu'elle implique la loyauté à l'égard d'autrui et de la parole donnée, mais qui est si profondement enracinée qu'on ne parvient pas à l'extirper même quand le sol natal est devenu un marécage putride. Cette fidélité est si forte qu'elle empêche parfois de se rendre compte de la tromperie dont on est victime, de comprendre qu'on est fidèle non plus à ses propres dieux, mais à des idoles monstrueuses et que justement, au nom de la vraie fidélité, on a le devoir de se révolter contre qui l'exige abusivement
Claudio Magris, Danube, pages 97/98.

30 mai 2014

Claudio Magris, Danube (3)

Tantôt la 'cité impériale' – telle Ulm – incarne l'immobilisme de privilège contre la justice égalitaire, tantôt elle revendique les libertés individuelles contre le nivellement totalitaire – par exemple contre le centralisme nazi. En général, l'idylle allemande, qui limite l'individu à une dimension étroite au sein d'une société divisée en compartiments étanches, tend à faire de ce dernier, comme l'écrit Lukacs, un Bürger, un bourgeois, plutôt qu'un citoyen ; c'est ainsi que se crée ce pathétique et farouche isolement intérieur, 'apolitique' et 'désespérement allemand', dont Thomas Mann a été le grand interprète et, au moins partiellement, le représentant. Cette situation s'incarne dans une figure récurrente de la littérature allemande, le Sonderling, personnage bizarre et solitaire, que Guiseppe Bevilacqua a défini comme 'l'expression d'un profond malaise résulant du divorce entre une nature pariculièrement sensible et une société incapable d'offrir un libre champ d'application à ses dons particuliers'.
Claudio Magris, Danube, pages 93/94.

Claudio Magris, Danube (2)

Celui à qui la persuasion fait défaut consumme son être dans l'attente d'un résultat qui doit venir, et qui ne vient jamais. La vie comme manque, comme déesse, s'anéantissant continuellement dans le seul espoir que la difficile heure présente soit enfin écoulée.
Claudio Magris, Danube, page 55.

29 mai 2014

Claudio Magris, Danube (1)

Comme Zénon niait le mouvement de la flèche décochée par un arc, parce qu'à chaque instant elle se trouvait arrêtée en un point de l'espace, et qu'une succession d'instants d'immobilité ne pouvait être considérée comme du mouvement, de même devrait-on dire que ce qui crée de l'Histoire, ce n'est pas la succession de ces instants, mais bien plutôt les corrélations et les ajouts apportés par ceux qui l'écrivent. La vie, disait Kierkegaard, ne peut être comprise qu'en regardant en arrière, même si elle doit être vécue en regardant en avant – c'est-à-dire vers quelque chose qui n'existe pas.
Claudio Magris, Danube, page 55.

25 mai 2014

Amsterdam, Noord/Zuidlijn: De Sixhaven à Centraal Station, à pied

Samedi, il était possible de marcher dans le tunnel menant, sous la IJ et à 30 mètres au-dessous du niveau de la mer, du site de Sixhaven à Centraal Station et de voir ainsi l'avancement des travaux de la ligne de métro Noord/Zuidlijn (littéralement "ligne nord-sud") ou Lijn 52 actuellement en construction à Amsterdam. Une fois achevée, la ligne reliera Amsterdam-Noord à Zuid en passant, notamment, par la gare centrale.
Une fois passé le site qui sera la future station centrale de cette ligne (de katedraal), nous poursuivons, sous terre, le long de quelques lieux bien connus du centre-ville...
... pour remonter, par le même tunnel, vers Centraal.
Les machines ayant creusé les différents tunnels :

22 mai 2014

Paco De Lucia: Light and Shade [Michael Meert, 1995]

Un portrait intime, par lui-même, du très grand Paco de Lucia et une introspection musicale qui permet de comprendre son approche du flamenco en particulier et de la musique en général. Un homme centré sur sa pratique, cérébral, intelligent, humble. Un génie.
Michael Meert (né en 1953 à Bonn, Allemagne) est un réalisateur cinématographique qui s'intéresse essentiellement au genre du documentaire musical. Il prône depuis les années 70 une approche mixte du documentaire et de la vidéo (Videobewegung) qu'il utilise comme principe pour obtenir un travail poétique dans le genre de la télévision quotidienne. Parmi ses influences, on retrouve Krzysztof Kieslowski, Andrei Tarkovsky et le néerlandais Johan van der Keuken. Quelques-uns de ses films :
- Der Tod des Maurice Ravel (1989),
- Manuel de Falla und Federico García Lorca (1993),
- Paco de Lucía. Light and Shade (1995),
- Iberia – Die Isaac Albéniz Story (1996),
- Violin Up! – Isaac Stern (1999),
- Bad Boy of Music (2000),
- Der Flamenco Clan (2004),
- Eine Baltische Reise – Gidon Kremer (2005),
- Jordi Savall oder wie die Indianer sich in die Barockmusik einschlichen (2005),
- Der junge Beethoven (2007),
- Musikalische Reise – Beethoven in Bonn (2008)

7 mai 2014

Le goût des Pays-Bas (24): Brouwerij 't IJ, I.P.A.

Une India Pale Ale (IPA) de 7%. Beaucoup de houblon, une saveur fruitée, florale et amère. C'est une blonde foncée.
Les IPA proviennent d'un style de bière à fermentation haute d'origine anglaise et développé au XVIIIe siècle pour approvisionner les troupes coloniales britanniques en Inde. Elle contiennent plus d'alcool et de houblon que les autres Ales, ce qui permettaient une meilleure conservation durant le long voyage vers les colonnies. L'adjectif pale fait référence à leur couleur, plus claire que les porters populaires en Angleterre à la même époque, même si elle est généralement plus foncée que celle des lager qui dominent le marché actuel de la bière.