6 nov. 2013

Le Flambeau Dans l'Oreille (32): Stagger Lee

Stagger Lee est le titre d'une chanson traditionnelle américaine inspirée d'un fait divers qui s'est déroulé en 1895. C'est l'histoire de Lee Shelton, proxénète noir de Saint-Louis au Missouri, condamné pour le meurtre de son ami William Lyons le 27 décembre 1895 et mort en prison en 1912. Cette chanson serait née immédiatement après les faits. L'une des versions les plus anciennes est celle enregistrée en 1910 par John Lomax pour la Bibliothèque du Congrès américain.
Fabuleuse version de Nick Cave ce lundi à la Heineken Music Hall. Jazzy, sombre, torturée et malheureusement introuvable sur le net. Mais cette version là aussi est superbe.

5 nov. 2013

Amsterdam, Geuzenkade en automne

Hundertwasser: De rechte lijn is goddeloos [Cobra Museum]

Le Cobra Museum d'Amstelveen propose en ce moment une très belle exposition sur les premières œuvres de Hundertwasser ou "Friedensreich Hundertwasser Regentag Dunkelbunt LiebeFrau" comme il aimait se nommer (né en 1928 à Vienne - mort en 2000 sur le Queen Elizabeth 2 qui le ramenait de Nouvelle-Zélande). Le foisonnement organique des formes et la brillance des couleurs marquent ces tableaux moins connus, l'artiste autrichien, passionné d'eau et de couleur, étant surtout célèbre pour son travail précurseur d'architecte écologiste et ludique. Il est effectivement le premier à diagnostiquer la fracture entre l'homme et la nature en milieu urbain, et l'un des premiers aussi à soigner l'architecture pour lui faire porter une mission réconciliatrice, humaniste et émancipatrice en refusant la conformité et l’uniformité.
Vers la fin des années 50 et au début des années 60, Hundertwasser séjourne au Japon où il s'intéresse à la caligraphie et au boudhisme zen. Il y trouve le vide et la forme de la spirale qui restera la caractéristique principale de son œuvre des débuts. Singulier, son intérêt est cependant engagé dans une quête générale de pensée alternatives pour l'époque. Selon Hundertwasser, la ligne droite représentait un danger pour l'aptitude créatrice de l'homme : "Die gerade Linie ist gottlos. Die gerade Linie ist die einzige unschöpferische Linie." (La ligne droite est de nature non divine. La ligne droite est la seule ligne non créatrice.). Il aurait été intéressant de savoir ce que Mondriaan pensait de cette affirmation, lui qui voyait justement dans la ligne droite et la géométrie pure ce que Hundertwasser décèle dans la courbe et l'asymétrie : l'infini. Mais d'une façon comme d'une autre, c'est assez vrai : il suffit de se donner la peine de relever la tête pour se rendre compte que nous vivons dans une jungle de lignes droites et de compter celles qui nous entourent pour comprendre que l'on n'en arrivera jamais à bout.



Testament in gelb, Serigraphie, 1971, Hundertwasser Archiv, Wien
L'exposition présente quelques extraits du Manifeste de la moisissure contre le rationalisme en architecture que Hundertwasser avait publié en 1958. Quelques phrases ont particulièrement retenu mon attention :

11) Ne te laisse pas brider !
12) Ne suis personne !
13) Prends le temps de l'introspection.
16) Ne laisse pas les lignes droites s'approcher trop près de ton cœur !
17) Sois individualiste ! (Reste personnel)
18) Vis libre !
19) Sois créatif !
20) Mais sois surtout coloré !
21) Cela te mettra à l'abri des menaces.
22) Car avec ses qualités, tu seras imbattable.

4 nov. 2013

Réflexion (5)

Est rebelle quiconque est mis par la loi de sa nature en rapport avec la liberté, relation qui l'entraîne dans le temps à une révolte contre l'automatisme.
Pol Vandromme, Le Monde de Tintin, page 252 (citant Ernst Jünger).

Réflexion (4)

Quelques autres sont, par infirmité, réfractaires à la transformation. Il n'ont pas pu ou ils n'ont pas voulu mériter la liberté, l'assumer en prenant cette part de risques inséparable de la discipline non tyrannique. Ils ont refusé leur aventure la plus personnelle. Ils se radotent eux-même.
Pol Vandromme, Le Monde de Tintin, page 238.

Réflexion (3)

Rien n'est jamais donné : la chance est la récompense d'une longue attente, d'efforts secrets et opniâtres.
Pol Vandromme, Le Monde de Tintin, page 209.