30 nov. 2015

Zwarte Piet aux Pays-Bas

Depuis quelques jours déjà, on commence à voir déambuler diverses figures du Zwarte Piet dans les rues des villes et villages des Pays-Bas. Zwarte Piet ou "Pierre le Noir", c'est le Père Fouettard, acolyte de Sinterklaas ou Saint Nicolas dans le folklore des Pays-Bas, de Belgique et d'Allemagne. Zwarte Piet accompagne Saint Nicolas le 5 décembre pour la fête éponyme. Il a la peau noire et est habillé des vêtements colorés des pages des siècles derniers. Aux Pays-Bas, la tradition veut qu'il fasse son entrée au port, par bateau, tout comme Saint Nicolas sur son cheval blanc. Alors que Saint Nicolas récompense les enfants sages et offre des bonbons, Zwarte Piet fait figure de méchant qui punit les désobéissants. La légende veut qu'il les enlève en les enfermant dans son sac pour les emmener en Espagne. Progressivement, son rôle s'est pourtant adouci au fil de l'histoire : il est désormais plutôt représenté comme assistant dans la distribution de jouets. Alors que le Sint est toujours majestueux, Zwarte Piet fait des acrobaties, des farces et des clowneries.
On trouve plusieurs personnages similaires dans toute l'Europe du Nord :
- Krampus dans la région alpine, en Bavière et en Autriche ;
- Ruprecht ou Knecht Ruprecht dans toute l'Allemagne ;
- Houseker au Luxembourg ;
- Schmutzli en Suisse alémanique ;
- Belsnickel dans le sud-ouest de l'Allemagne ;
- Pelzbock en Rhénanie et en Silésie ;
- Hanscrouf du côté de Liège ;
- Ryszard Pospiech, en Pologne, paraît-il.
Depuis quelques années, Zwarte Piet fait l'objet de polémiques aux Pays-Bas. En janvier 2013, le Conseil des droits de l'homme des Nations unies reçoit des plaintes qui indiquent que "le Père Fouettard perpétue une vision raciste et stéréotypée du peuple africain et des personnes d'origine africaine qui apparaissent comme des citoyens de seconde zone.". Le débat est lancé parmi les Néerlandais qui, de leur côté, souhaitent préserver cette tradition bon enfant qui fait partie de leur patrimoine culturel et historique, et s'interrogent sur la véritable pertinence de ces revendications.

28 nov. 2015

Pays-Bas, Alkmaar: De Waag, ponts et canaux

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C'est là que se vend le fromage du marché d'Alkmaar en été, sur la place centrale. A l'origine, c'est une chapelle transformée ensuite en auberge où tout voyageur peut faire halte pendant trois jours, gratuitement. En 1556, le bâtiment est transformé en bourse et pesée de marchandises. La façade est richement ornée de petits cavaliers, de dorures et d'un carillon.

Pays-Bas, Alkmaar: port

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11 nov. 2015

Sint-maartensfeest : la fête de Saint-Martin, une histoire de lampions, de bouffons et d'oies

Avant-hier, on célébrait la Saint-Martin (sint-maartensfeest), une fête encore très populaire en Europe du Nord et Centrale.
La Saint-Martin est célébrée en souvenir de Martin de Tours et correspond à sa mise au tombeau, le 11 novembre 397. A l'époque où la chrétienté se trouvait encore sous l'influence de l'Empire byzantin, le jour de la Saint-Martin ouvrait la période de carême qui commençait le 11 novembre et s'étendait sur deux semaines. Depuis le Moyen Âge jusqu'aux temps modernes, cette période de carême avait lieu avant Noël. Le jour précédant cette période, on festoyait une dernière fois avant de jeûner, à l'image de ce que l'on avait coutume de faire lors du carnaval. Aujourd'hui encore, le carnaval rhénan est officiellement initiée le 11 novembre. Les Jecke, les bouffons du Carnaval, défilent dans les rue et prennent d'assaut les mairies.
Au passage : le terme de Jecke est d'orrigine yiddish et désignait, de manière péjorative, les immigrants des années 30 qui se rendaient en Palestine ou dans les territoires actuels d'Israël. L'éthymologie du mot n'est pas clarifiée : Jecke pourrait venir de Jacke (allemand: "veste"), terme à partir duquel sont tirées plusieurs explications :
a) La première rapporte que le mot serait né en Palestine en aurait désigné les immigrés allemands comme Jacken(träger) ("porteurs de vestes") car, de part leurs origines et leur activité professionelle antérieure souvent bourgeoise (vêtements corrects), ils continuaient à porter une veste, malgré un climat plus chaud et un travail désormais physique.
b) La seconde explique que la veste aurait été vue comme symbole de l'assimilation à une culture occidentale non-juive, symbole qui les différenciait déjà en Europe des Juifs traditionnels portant le caftan. En allemand, on parle par exemple aussi de Krawattenjude ("Juif à la cravatte") ou Kaftanjude ("Juif au caftan").
c) Une troisième explication ramènerait au diminutif Jekl du prénom Jakob (> Ja[n]kev) par lequel on qualifierait les personnes de stupides. D'ailleurs en hébreu, le mot Jecke (יקה) existe toujours et est utilisé comme acronyme pour parler d'un Juif obtus, qui refuse de comprendre.
Dans de nombreuses régions d'Allemagne, d'Autriche, de Suisse, et des Pays-Bas sont organisées pour la Saint-Martin des retraites aux flambeaux durant lesquelles les enfants sillonnent les rues des villages et des villes avec des lanternes. La plupart du temps, les enfants fabriquent leurs lampions dans les écoles maternelles et primaires. Mercredi, les enfants défilaient dans les rues d'Amsterdam, sonnaient aux portes et chantaient des chansons spécifiques à la fête, En retour, ils reçoivent des bonbons ou mandarines. En Rhénanie existe une patisserie particulière nommée Stutenkerl ou Weckmann : un petit pain sucré aux raisins secs en forme de bonhomme.
Ce jour-là, on avait aussi coutume de manger l'oie de la Saint-Martin, généralement accompagnée de chou rouge et de quenelles.
On raconte que cette tradition trouve son origine dans une légende sur la vie de Martin : en dépit des réserves émises par le clergé et de sa propre volonté, le peuple de Tours réclamait qu'il soit nommé évêque. Comme il menait une vie ascétique et modeste, il se considérait indigne d'un tel honneur et se serait donc caché parmi les oies. Les oies firent cependant un tel vacarme que Martin fut découvert et quand même nommé évêque.
Selon une autre légende, un troupeau d'oies bruyantes se serait introduit dans l'église et aurait interrompu la prédication de l'évêque Martin. Elles auraient été capturées et servi de festin par la suite.
On avance également l'hypothèse historique suivante : le Martinschoß, un vasselage échu le jour de la Saint-Martin à l'époque féodale, en serait l'origine. La Saint-Martin était effectivement le jour de la dîme. Dans le temps, on payait les impôts en nature, incluant les oies, puisque l'hiver approchait et que l'entretien des animaux durant cette période n'était possible qu'à condition que leur nombre reste restreint. C'était aussi la date qui correspondait à la période d'exploitation naturelle et à laquelle commençaient ou terminaient les contrats de travail, les fermages. Les rétributions et intérêts étaient échus. C'est la raison pour laquelle le jour de la Saint-Martin était aussi appelé le jour de payement des intérêts. La dîme était souvent payée sous la forme d'une oie qui fut ainsi qualifiée d'oie de la Saint-Martin.

6 nov. 2015

Pays-Bas, champ d'urnes



Graf Begraafplaats, crématorium de Velsen, Driehuis, 01.08.2015.
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Le champ d'urnes : une fascinante et singulière manifestation des pratiques culturelles néerlandaises autour de la vie et de la mort. Aux Pays-Bas, l'incinération (environ 60%) est plus répandue que l'inhumation. Sur le modèle du cimetière comme dernier lieu de repos et de culte, existent cependant des champs d'urnes. Une tradition qui reprend probablement les us et coutumes de la Civilisation des champs d'urnes, désormais disparue mais qui était très répandue au sein de l'entité dite Rhin-Suisse-France orientale dans la zone culturelle nord-alpine d'Europe. A l'époque, les urnes étaient enfouies sous terre. Aujourd'hui, elles sont disposées à même le sol, telles des plaques tombales.
Certaines urnes sont de forme pointue, carrée ou arrondie. Sur la face avant des urnes pointues est reproduite l'image d'un sablier et devant chaque urne se trouve une plaque rectangulaire en céramique où sont apposées les données de la personne décédée. Mais la plupart des urnes sont en émail vert-bleu et ont la forme caractéristique d'un champignon. Ces urnes ont été conçues par Willem Marinus Dudok, fameux architecte néerlandais qui fut le maître d'œuvre de la ville de Hilversum, aux environs d'Amsterdam. L'architecture de Dudok se caractérise par l'utilisation de la brique, de compositions asymétriques, de blocs rectangulaires et de fenêtres basses en ruban.