19 mars 2009

Camus-Cure-Theorie: Die Wahrheit

-----Original Message-----
Datum: Donnerstag, 4. September 2008, 15:00
von Frau P.
An: SM
Subject: AW: 20081209almi (EWM)

Sandrine, bist Du nicht Montag wieder da? Dann möchtest Du doch bestimmt gleich eine halbe Stunde EWM von 10:30 bis 13:00 lesen, nicht wahr?

Wie war die Sonne und das Meer?

Frau P.

-----Original Message-----
Sent: Donnerstag, 4. September 2008 15:12
From: SM
To: Frau P.
Subject: AW: 20081209almi (EWM)

Hallo Ditha,

mache ich. Sonne und Meer tun immer gut.

Apropos Fremde, Meer und Sonne: Ich lese gerade ein Gedicht von Baudelaire, "L'Etranger". Er aber erschießt keinen Araber wie Albert Camus und sein Kumpane Robert Smith. Kennst du meine Camus-Cure-Theorie?

Bis Montag 10 Uhr.

SM

-----Original Message-----
Datum: Donnerstag, 4. September 2008, 15:14
Von: Frau P.
An: SM
Betreff: RE: 20081209almi (EWM)

Nein - die Theorie kenne ich noch nicht! Hört sich spannend an, bespricht man aber besser bei einem Glas Wein, oder?

-----Original Message-----
Datum: Montag, 8. September 2008, 9:41
Von: SM
An: Frau P.
Betreff: RE: Die Camus/Cure-Theorie: Die Wahrheit

Ich lege meine Hand ins Feuer, Robert Smith hatte Der Fremde von Camus gerade hinter sich, als er den Text zu Killing An Arab schrieb: "Starring at the sea, starring at sun/With a gun in my hand/Killing an Arab". Atmosphär für Atmosphär. Killing An Arab ist die Entfremdung-Szene zwischen Meursault und einem der beiden Araber, dem er zufällig am Strand wieder begegnet. Die blendende bleierne wehtuende Sonne. Das rauschende Meer. Das Nichts-Geschehen und ein Mord. Meursault ist der Araber-Mörder aus Killing An Arab, der Fremde.

Hierunten der Originaltext, der von unwahrscheinlicher Schönheit ist. Prost!

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Il était seul. Il reposait sur le dos, les mains sous la nuque, le front dans les ombres du rocher, tout le corps au soleil. Son bleu de chauffe fumait dans la chaleur. J'ai été un peu surpris. Pour moi, c'était une histoire finie et j'étais venu là sans y penser.

Dès qu'il m'a vu, il s'est soulevé un peu et a mis la main dans sa poche. Moi, naturellement, j'ai serré le revolver de Raymond dans mon veston. Alors de nouveau, il s'est laissé aller en arrière, mais sans retirer la main de sa poche. J'étais assez loin de lui, une dizaine de mètres. Je devinais son regard par instants, entre ses paupières mi-closes. Mais le plus souvent, son image dansait devant mes yeux, dans l'air enflammé. Le bruit des vagues était encore plus paresseux, plus étale qu'à midi. C'était le même soleil, la même lumière sur le même sable qui se prolongeait ici. Il y avait déjà deux heures que la journée n'avançait plus, deux heures qu'elle avait jeté l'ancre dans un océan de métal bouillant. A l'horizon, un petit vapeur est passé et j'en ai deviné la tache noire au bord de mon regard, parce que je n'avais pas cessé de regarder l'Arabe.

J'ai pensé que je n'avais qu'un demi-tour à faire et ce serait fini. Mais toute une plage vibrante de soleil se pressait derrière moi. J'ai fait quelques pas vers la source. L'Arabe n'a pas bougé. Malgré tout, il était encore assez loin. Peut-être à cause des ombres sur son visage, il avait l'air de rire. J'ai attendu. La brûlure du soleil gagnait mes joues et j'ai senti des gouttes de sueur s'amasser dans mes sourcils. C'était le même soleil que le jour où j'avais enterré maman et, comme alors, le front surtout me faisait mal et toutes ses veines battaient ensemble sous la peau. A cause de cette brûlure que je ne pouvais plus supporter, j'ai fait un mouvement en avant. Je savais que c'était stupide, que je ne me débarrasserais pas du soleil en me déplaçant d'un pas. Et cette fois, sans se soulever, l'Arabe a tiré son couteau qu'il m'a présenté dans le soleil. La lumière a giclé sur l'acier et c'était comme une longue lame étincelante qui m'atteignait au front. Au même instant, la sueur amassée dans mes sourcils a coulé d'un coup sur les paupières et les a recouvertes d'un voile tiède et épais. Mes yeux étaient aveuglés derrière ce rideau de larmes et de sel. Je ne sentais plus que les cymbales du soleil sur mon front et, indistinctement, le glaive éclatant jailli du couteau toujours en face de moi. Cette épée brûlante rongeait mes cils et fouillait mes yeux douloureux. C'est alors que tout a vacillé. La mer a charrié un souffle épais et ardent. Il m'a semblé que le ciel s'ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu. Tout mon être s'est tendu et j'ai crispé ma main sur le revolver. La gâchette a cédé, j'ai touché le ventre poli de la crosse et c'est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a commencé. J'ai secoué la sueur et le soleil. J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux. Alors, j'ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût. Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais à la porte du malheur.

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