8 avr. 2011

Désert et route des mille kasbahs (1)

Départ pour le grand sud marocain : partir dans le désert, sur la route des mille kasbahs. Une semaine itinérante et nomade, 90 km dans le Sahara, en bivouac, à pied, dans l'espace et le silence.
Embarquement, décollage, attérissage et premières impressions. Arrivée à Ouarzazate le 12 mars à 22h25 heure locale (23h25) via Casablanca, recherche d'un "petit taxi" pour se rendre à l'hôtel : 50 dirhams (5 Eur.) la course, et nous voilà partis, moi et le chauffeur, en pleine nuit, sous la protection de gris-gris bienveillants balottant au rétroviseur :
- On met la ceinture?
- Ah, mais la gazelle! C'est pas la peine! Y'a pas probème, sivouplè.
- Allez...

Descente à l'hôtel La Palmeraie. Petit retardement nocturne : le cadenas de mon sac s'est cassé (lisez : a été forcé, probablement aux passages en soute à l'aéroport de Casa), impossible de l'ouvrir. Va chercher les cisailles à 1 heure du matin, bataille, sivouplè la gazelle. 2h45, couchée.

Réveil matinal en pleine lumière et sous les orangers. Je me suis prévue une excursion supplémentaire seule, sur la route des kasbahs situées à 30 km au nord de Ouarzazate, dont la très fameuse kasbah Aït Ben Haddou, inscrite au patrimoine de l'UNESCO. Petit tour complet avant de rejoindre le groupe dimanche soir et de pousser plus avant dans le désert. Location d'une voiture, et au programme visite des studios Atlas, des kasbahs d'Aït Ben Haddou, de Tifoultout et de Taourirt, balade dans Ouarzazate, le centre artisinal et le souc. Et l'Atlas enneigé en fond...
Décors extérieurs des studios de cinéma Atlas
Aït-Ben-Haddou (en tifinagh ⴰⵉⵜ ⵃⴰⴺⵓ, en arabe آيت بن حدّو) se présente comme un ensemble de bâtiments de terre (pisé) entourés de murailles, le ksar, type d'habitat traditionnel présaharien. Les maisons se regroupent à l'intérieur de ses murs défensifs, renforcés par des tours d'angle. Tout autour du douar et de la rivière est regroupé un ensemble de villages dont les habitants sont pour la plupart des berbères anciennement nomades et sédentarisés depuis. Le ksar d'Aït-Ben-Haddou est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1987.
Tapis Tazarbits et Ouaouzguites
La kasbah de Tilfoutout, située dans la vallée du haut-Atlas près du Oued Draa, est une résidence du pacha El Glaoui et sa tribu, les Seigneurs de l'Atlas, tout comme les kasbahs d'Aït Ben Haddou et de Taourirt. C'est elle, avec Aït Ben Haddou, qui a servi de décor extérieur à de nombreux films des Studios Atlas, comme Gladiator, Les dix commandements, Alexandre le Grand, Kundun, Babel, etc. Construite au 17ème siecle, elle a été rénovée il y a une trentaine d'années.
Thami El Mezouari El Glaoui (1879-1956), en tachelhit (berbère) Thami El Mezouari Aglaou, est l'un des plus célèbres pachas marocains. El Glaoui est nommé pacha de Marrakech par un dahir du sultan Mohamed Ben Youssef. En décembre 1950, il demande au sultan Mohamed V de ne plus suivre le Parti de l'Istiqlal favorable à l'indépendance du Maroc. El Glaoui se montre insolent à l'égard du sultan lors d'une audience et est interdit au Palais royal. En février 1953, El Glaoui réunit une centaine de pachas et deux cent caïds, et fait signer une pétition exigeant le départ du sultan ; seuls deux caïds et un pacha refusent. Le 20 août 1953, Mohamed V, ainsi que le prince héritier Moulay Hassan (futur Hassan II), sont arrêtés puis envoyés en exil en Corse et à Madagascar. À leur retour d'exil, El Glaoui se soumet et meurt peu de temps après à Télouet des suites d'un cancer [source : Wikipedia]. On le dit bourreau des rebelles de l’Atlas, collaborateur de la France coloniale, ennemi juré des nationalistes et suppôt du sultan Ben Arafa.

De manière générale, les pachas étaient des gouverneurs de province et des généraux. Au Maroc, le pacha est également un représentant du sultan. Aujourd'hui, c'est un haut fonctionnaire en charge de l'administration d'un district.
Un caïd était un notable qui cumulait autrefois des fonctions administratives, judiciaires, financières et parfois de chef de tribu. Généralement des hommes issus de familles riches, ils achetaient cette fonction. Il était courant d'être le caïd de plusieurs districts en même temps. Le caïd désigne aussi un chef de guerre des musulmans qui a le rang de général et chef de corps d'un régiment.
La Kasbah de Taourirt est édifiée en 1882 par les Glaoui et est l'une des premières grandes architectures berbères, également classée au patrimoine de l'UNESCO : des murs d'un rouge bronzé qui s'élèvent vers le ciel, des tours crénelées dressées aux différents coins de la kasbah. L'architecture de la kasbah ou du ksar est spécifiquement étudiée pour la vie communautaire du pacha et de sa famille : une tour réservée à chaque femme (quatre autorisées par l'islam), le rez-de-chaussée servant de basse-cour et aux serviteurs, le premier étage aux lieux de vie commune tels que la cuisine et la salle à manger, le second étage à la vie commune familiale du pacha et de ses quatre femmes. Le troisième étage est exclusivement destiné au pacha, à sa favorite et à la réception d'invités. Ce sont les plus belles salles, ornées de mosaïques et d'une riche ornementation pittoresque. L'étage comprend généralement un double hammam privé, pour les hommes et pour les femmes (quasiment inaccessible, il a fallu que je rampe pour rentrer. Apparemment, ils se baignaient allongés). Taourirt est le nom du village où a été bâtie la kasbah qui jouxte la médina, fondée au 12ème siècle. Contrairement à Aït-Benhaddou, Taourirt forme une sorte de fortification labyrinthique avec ses ruelles et ses maisons au milieu du village lui-même. La kasbah Taourirt est représentée dans les nouveaux billets de 50 dirhams.

L'alphabet berbère trouve ses fondements dans l'alphabet latin. Il utilise 23 lettres standards et 9 lettres supplémentaires empruntées à l'alphabet latin. Il est aussi appelé Tamεamerit, du nom de Mouloud Mammeri, le linguiste qui le fixa définitivement en 1973.
Trous d'aération percés dans les rebord intérieurs des fenêtresPlafond en laurier-rose, bois très isolantLes trois L d'Allah

Ouarzazate (région du Souss-Massa-Draâ, province de Ouarzazate), du tamazight War-Zazat (en tifinagh ⵡⴰⵔ ⵣⴰⵣⴰⵝ: "silencieux", en arabe ورزازات) est le chef-lieu de province, également surnommée "la porte du désert". Située à la rencontre des vallées de l'oued Ouarzazate et de l'oued Dadès, elle représente la jonction de cette vaste région du Sud Marocain. Ouarzazate évoque à la fois les contreforts sud du Haut Atlas et la proximité du désert : innombrables kasbahs en pisé, montagnes de l'Atlas et plaines arides, vallées et oasis verdoyantes, palmeraies et villages de terre rouge ou ocre.

En 1928, la puissance coloniale française en fait une ville de garnison. Elle sert de base militaire et aviatique contre la tribu des Ait Attas qui combat les troupes de Henri de Bournazel, l'homme au manteau rouge tué au Maroc en 1933. En 1934, le chef rebelle Assou Oubasslam se rend aux Français pour éviter le massacre des populations retranchées dans les montagnes.
Elle est l'un des sites marocains les plus prisés par les réalisateurs cinématographiques. Outre les paysages exceptionnels, l'un des atouts majeurs de ce lieu est la qualité de la lumière, avec un soleil brillant en moyenne 300 jours par an et donnant une lumière très pure... Lawrence d'Arabie (tourné sur le site d'Aït-Ben-Haddou).

N9 : lundi 14 mars, matin, départ M'hamid Ghizlane, dernière station avant le désert et descente de la vallée du Drâa. La route nationale 9 relie Mohamedia à M'hamid Ghizlane, via Berrechid, Marrakech, Ouarzazate, Ait Saoun, Agdz, Zagora, Tagounite et M'hamid Ghizlane. À M'hamid, la route s'arrête, tout simplement. En route vers le désert, pour 5 jours de vie nomade et 90 km dans le Sahara...

Escale à Zagora
Le drapeau marocain est rouge, orné d'une étoile verte à 5 branches. Il est adopté en 1915 à la demande du général Hubert Lyautey. On retrouve l'étoile à 5 branches sur les armes du Maroc, entre deux lions. La joie de l'âme étant dans l'action, c'est encore à la demande de notre ami Bébert que la musique de l'hymne marocain est composée par le capitaine français, Léo Morgan, chef de musique à la garde chérifienne. Les paroles ne seront écrites qu'en 1969, dans des circonstances pour le moins originales : l'équipe marocaine de football venait de se qualifier à sa première phase finale de Coupe du Monde, qui se déroulait une année plus tard au Mexique. Hassan II décide d'accoler un texte à l'hymne national, histoire de permettre à la bande de Driss Bamous, capitaine de l'époque, d'avoir quelque chose à fredonner durant la traditionnelle présentation des hymnes. Un concours de poésie est organisé à la demande du Palais, en vue de sélectionner les textes les plus expressifs. Plusieurs poètes y participent et c'est finalement le poème ''Manbita al alhrar'' de Moulay Ali Skalli, qui est sélectionné par Hassan II.
Paroles (ar) Transcription Traduction
منبت الأحرار
مشرق الأنوار
منتدى السؤدد وحماه
دمت منتداه وحماه
عشت في الأوطان
للعلى عنوان
ملء كل جنان
ذكرى كل لسان
بالروح
بالجسد
هب فتاك
لبي نداك
في فمي وفي دمي
هواك ثار نور ونار
اخوتي هيا
للعلى سعيا
نشهد الدنيا
أنا هنا نحيا
بشعار
الله الوطن الملك
manbita al ahrar
machriqa al anwar
mountada sou'dadi wa himahh
doumta mountadah wa himah
ichta fi l awtan
liloula ounwan
mil'a koulli janane
dikra koulli lissane
birrouhi
biljassadi
habba fatak
labba nidak
fi fami wa fi dami
hawaka thara nour wa nar
ikhwati ahya
liloula sa'aya
nouch'hidi dounya
anna houna nahya
bichia'ar
Allah, AlWatan, AlMalik
Berceau des hommes libres
Levant des lumières
Terre de souveraineté et terre de paix
Puissent souveraineté et paix y être réunies
Tu as vécu parmi des nations
Tel un titre sublime
Emplissant chaque cœur
Déclamé par chaque langue
Par son âme
Par son corps
Ton champion s'est levé
Et a répondu à ton appel
Et dans ma bouche, et dans mon sang
Ton amour a secoué lumière et braises
Mes frères, allons
Vers ce qu'il y a de plus haut
Nous proclamerons au monde
Que c'est ici que nous vivons
Avec pour étendard
Dieu, la Patrie, et le Roi
Dieu, la Patrie, le Roi, devise du Maroc que l'on retrouve gravée, accompagnée de formules de salutation, à flanc de montagne et de rocher lors de l'ascension du col Beni Smegine...
Une tempête de sable se prépare... qui durera toute l'après-midi et la soirée du premier bivouac.
Mohamed, le guide, et Mohamed, le cuisinier ont fait la route avec nous depuis Ouarzazate. Rencontre à M'hamid avec le reste de l'équipe : les chameliers (Mohamed, Brahim, Barak) et les chameaux. Départ à pied pour cinq jours de randonnée dans le Sahara.
Brahim
En route, achat d'un chèche (شاش) sur le très avisé conseil de Mohamed (tempête de sable qui se préparait plus haut...). Le chèche est un turban d'environ 4 à 8 mètres, porté par les Berbères et Touaregs et qu'ils enroulent sur leur tête pour se protéger du soleil, du vent, de la pluie, du sable, du froid, etc. Le nom vient, comme pour la chéchia, de la ville de Chach en Sogdiane, l'actuelle Tachkent, capitale de l'Ouzbékistan. D'ailleurs, mon collègue anglais qui a beaucoup d'humour dit toujours en hiver : "Dear, I forgot my sash!" Ce à quoi je lui réponds toujours : "The sash you wear (16th century) and the sash that goes in a window (17th century) are distinct words."*

Anciennement le mot chèche (شاش) désignait une coiffe portée au huitième siècle qui prenait sur le front et se terminait dans le dos. Traditionnellement, les nomades ne quittent jamais leur chèche. Il peut être de différentes couleurs (Barak portait un chèche rayé noir et orange, Mohamed un chèche noir ou blanc, Brahim toujours un noir et Mohamed, le cuisinier, un chèche rayé violet foncé et noir). Je lisais que deux couleurs ont une signification particulière : le blanc est porté en signe de respect, un jour particulier. Le chèche indigo, fait à partir de lin, est porté les jours de fête et les jours de froid car il est plus chaud que le chèche en coton. Sa teinture à base d'indigo tend à déteindre sur la peau, donnant au Targui le surnom d'homme bleu. En langue tamasheq et selon les tribus, il prend aussi parfois le nom de taguelmoust ou de litham.
Il paraît que le chèche fut également adopté par certaines unités de l'armée française en poste au Sahara (compagnies méharistes sahariennes) ou dans d'autres zones désertiques et dans les zones à température élevée. Effectivement (site du Ministère de la Défense et des Anciens Combattants).

* Strip of cloth. 1590s. "strip of cloth twisted into a turban worn about the waist or over the shoulder," from Arabic shash "muslin cloth. First recorded 1680s. "All of them wear on their heads white shashes and turbans, the badge of their religion", George Sandys, Travels 1615. La forme altérée du mot "sash" apparaît à peu près à la même période : "sash" (window-frame) est un emprunt du terme français "chassis" considéré phonétiquement comme un pluriel ("shashes") et qui a donné naissance à postériori à la forme singulière "sash".
Premier bivouac
Vue panoramique à 6 heures du matin
Le tamaris (tamarix, famille des tamaricacées) est un arbuste des régions méditerranéennes, où il peut être spontané ou cultivé. On en connaît diverses espèces, la plupart ayant des fleurs printanières (mars-avril) formant de nombreux chatons de couleur rose ou blanchâtre. Les feuilles sont très petites, alternes et écailleuses. Le fruit est une petite capsule triangulaire.

La manne de l'Ancien Testament proviendrait du tamaris par suite de la piqûre de la cochenille trabutina mannipara. Elle tombait du ciel tous les jours, sauf le jour du sabbat. La veille du sabbat, il en tombait deux fois plus. Selon l'Exode (Ex 16:2) :

[...] toute la communauté des Israélites se mit à murmurer contre Moïse et Aaron dans le désert. Les Hébreux murmuraient contre Moïse, parce qu'ils mouraient de faim ; sur le soir, il leur tomba des cailles du ciel ; le matin suivant, il se répandit un brouillard ou une rosée ; lorsqu'elle fut évanouie, elle laissa sur les arbustes du désert de petites concrétions analogues au givre ; Les enfants d’Israël regardèrent et ils se dirent l’un à l’autre : "Qu’est-ce que cela ?" car ils ne savaient pas ce que c’était. Moïse leur dit : "C’est le pain que L’Éternel vous donne pour nourriture". La maison d'Israël donna à cette nourriture le nom de "manne" [...] Les enfants d’Israël mangèrent la manne pendant quarante ans, jusqu’à leur arrivée dans un pays habité ; ils mangèrent la manne jusqu’à leur arrivée aux frontières du pays de Canaan.
Mohamed (cuisinier)Barak et BrahimDeuxième bivouac, à la belle étoile pour moiMarabout de Sidi Naji
En Afrique subsaharienne, les marabouts sont des saints locaux dont le tombeau est l'objet d'un culte populaire. C'est aussi le nom donné au tombeau lui-même. Le maraboutisme rappelle, à la fois dans ses croyances et ses pratiques, le chamanisme d'autres régions du globe. Les marabouts rétablissent la santé ou l'ordre social à l'aide de talismans. Ils conseillent et possèdent des pouvoirs curateurs. Chaque tribu a son marabout et son mausolée où est enterré un ancêtre considéré comme un saint. Ces sanctuaires sont quelquefois situés en plein désert comme le marabout de Sidi Naji pour la tribu des Nouaji. Des rassemblements y sont oraganisés annuellement et donnent lieu à de grandes fêtes au cours desquelles sont parfois égorgés des dromadaires.

"Ô désert, infini désert, toi dont le vent nettoie les âmes, toi dont le charme envoûte les hommes ; rappelles-toi le temps où nous étions libres, souviens-toi de ces fleuves qui en toi dessinaient les méandres de nos vies ; ô désert, infini désert, contes-nous l'histoire de Sidi Naji…"


La légende raconte que... dans l'immensité du Sahara séjournait un homme sage, entouré de gazelles. Il s'appelait Naji. Recouvert de peaux de bêtes et les cheveux touchant le sol, il vivait avec ces créatures depuis si longtemps qu'on le confondait parfois avec elles. Sidi Naji connaissait le monde de l'invisible et l'on raconte qu'il pouvait y pénétrer pour disparaître de la vue des autres hommes. Un jour où des hommes de la tribu de chorfas* marchaient à travers les dunes à la recherche de gazelles, ils trouvèrent Sidi Naji. Quand ils virent la quiétude des animaux, ils comprirent qu’'l avaient affaire à un initié de Dieu et de sa création. Ils décidèrent de le capturer. Mais Sidi Naji était agile comme la gazelle, vif comme le vent, déterminé comme le feu, libre comme le sable. Les hommes trouvèrent une branche d’acacias aux nombreuses et puissantes épines. En enchevêtrant la branche dans la longue chevelure de Sidi Naji, ils parvinrent à le capturer. Les hommes ramenèrent Sidi Naji dans leur village. Durant quarante jours ils lui apprirent à lire, à écrire et l'initièrent au Saint Coran et lui offrirent en mariage une femme de leur tribu. De cette union naquirent quatre fils. Un jour, Sidi Naji se délivra des chaînes de la vie sédentaire pour retrouver la liberté du désert. Il reprit sa vie de nomade et, tout au long de son chemin, apporta sa bénédiction à tous les nécessiteux, apaisa les conflits. Le saint Sidi Naji avait en lui autant de dévotion que le désert compte de grains de sable.

"Celui qui chaque jour de sa vie se lèvera tôt pour méditer et qui ne s’endormira jamais sans s'être adressé à Dieu, s'élèvera et apprendra ce qu'est la vérité, tel le saint Sidi Naji…"
* descendants du Prophète

Troisième bivouac et grandes dunes, à nouveau à la belle étoileMohamed (chamelier)BrahimMohamed (guide)Les trois MohamedMohamed (chamelier) et Mohamed (cuisinier)MiragesRencontre avec un berger berbère nomadeasperge sauvage (Asparagus acutifolius)
L'asperge sauvage (asparagus acutifolius) est une plante de la famille des asparagacae, ligneuse et buissonnante pouvant dépasser un mètre de hauteur. Les feuilles sont des petits rameaux transformés en cladodes piquants groupés par 5-10 en étoile. Les fleurs sont jaune-verdâtres, dioïques, à pédoncules courts. Les fruits sont des baies de couleur noire, de la taille d’un petit pois. Elle pousse dans les régions sablonneuses partout au Maroc, sauf en montagne. Cette espèce est aussi présente dans les garrigues, sur le bord des chemins herbeux, dans les régions méditerranéennes d'Europe et d'Afrique. En France, j'ai déjà eu l'occasion de la voir en Provence, en Midi-Pyrénées et en Aquitaine. La période de floraison s’étale d’août à octobre. Sur la photo, la pante est desséchée. Au Maroc, on appelle la plante sekkûm azdou azwi. Mohamed racontait qu'ils mangeaient le racines et les jeunes pousses. La plante est dépurative et diurétique. Petite recette maison: boire en 2 jours une décoction de racine d'asperge faite de 50 g de racine pour 1 litre d'eau bouillie. Faire passer 10mn.
En me penchant sur la question des plantes du Maroc, on trouve des plantes forestières et alimentaires de grandes cultures et spontanées, des plantes condimentaires (estragon, persil, cerfeuil, ciboulette, ail), des plantes destinées aux tisanes et infusions (fenouil, anis vert, badiane, gentiane jaune, absinthe, génépi, myrtille, millepertuis, camomille, sauge, fleur d'oranger), des épices, des fleurs odorantes telles que rose de mai, violette, lavande, jasmin, lavandin, mimosa, basilic, hysope, thym, romarin, marjolaine, coriandre, sarriette, origan), des plantes médicinales (pavot, ergot, etc.). Apparemment, l'approvisionnement en plantes médicinales fait pour 98,4% auprès l‘attars’ ("épicier" sivouplè), de l'attara (parfumeur), de l‘achab’ (herboristes, 17,7%) ou du pharmacien.

Avec 4000 espèces recensées dont seulement 280 sont exploitées, le Maroc présente une tradition médicinale et cosmétique dont la part belle est faite à la phytothérapie et la médecine alternative. Les traditions médicales s’inspirent principalement de la médecine arabe classique et de l’expérience des anciens ayant découvert les vertus de ces plantes empiriquement. Les plantes sont utilisées fraîches ou séchées, et peuvent être mixées dans des préparations diverses comme les tisanes, les compresses ou les baumes.
Je me suis procurée entre autre des cristaux à mélanger dans une boisson chaude et du gingembre.

Semchel: poisson de sable
Scincus scincus est un reptile appelé aussi poisson de sable. On appelle ce scinque plus familièrement poisson de sable, mais également scinque officinal, "semchel". On trouve ce scincidé solitaire et diurne dans les grandes zones sableuses très vives du Sahara occidental. Il est appelé "poisson de désert" pour son habilité à se déplacer très rapidement sur le sable, comme s'il nageait. Il se sert assez peu de ses courtes pattes, mais ondule son corps pour glisser à la surface du sable.
En cas de danger il peut littéralement plonger dans le sable, ses yeux, oreilles étant protégés par des écailles. D'une taille moyenne entre 18 et 25cm, il ne creuse pas de terrier, mais s'enfouit dans le sable entre 10 et 40 cm de profondeur afin de se protéger de la chaleur du désert.
Sa nourriture se compose d'insectes (sauterelles, coléoptères, arachnides), de lézards et de plantes. Il repère ses proies par les vibrations qu'elles génèrent en se déplaçant. La femelle est ovipare.

Traces de gerboise, petit tongeur sauteur aux grandes pattes postérieures et à la queue très longue.
Une certaine gerboise est d'ailleurs plus connue que d'autres...
Quatrième bivouacOeufs de vipère à cornes
La vipère à cornes (Cerastes cerastes) est une espèce de serpent venimeux ovivipares de la famille des vipères vivant dans les déserts d'Afrique du nord et du Moyen-Orient. Elle chasse à l'affût, généralement cachée sous le sable. Cette vipère doit son nom aux deux écailles dressées sur sa tête qui forment des petites cornes. Elle peut atteindre 80 cm de long et vivre jusqu'à 10 ans. Elle se nourrit de petits rongeurs et de lézards. Quand elle se déplace, elle provoque un petit crissement dû à ses plaques dorsales aérodynamiques, une particularité qui lui permet de se mouvoir à reculons. Il existe différents modes de reptation, la vipère à cornes utilise le déroulement latéral ou "side-winding". La vipeères procède par une succession de "pas" sur le côté. Si l'on observe les traces d'une vipère à cornes sur le sable, le tracé apparaît discontinu. Sa robe imite parfaitement les nuances du sable, le mimétisme va jusqu'à la couleur de ses iris. Cette vipère meurt si la température dépasse 44°C, ce qui est le cas au Sahara. Pour survivre pendant les périodes chaudes, elle s’enfouit dans le sable, ce qui lui permet de maintenir sa température interne à 34°C. Elle ne laisse alors dépasser que ses yeux. Un dromadaire succombe en quelques minutes sous sa morsure.
Cinquième bivouac, à l'orée de la palmeraie de M'hamidArrivée et retour au village de M'hamid
Des recettes ancestrales berbères, simples et rustiques, à base de blé concassé, de semoule, de plantes aromatiques et d'épices, la cuisine marocaine s'est enrichie au fil des siècles des traditions culinaires de diverses origines aux influence arabes, juives et chrétiennes. Les mets associent le sucré au salé, le doux à l'aigre : tajines aux pruneaux, aux citrons et aux olives, kefta, couscous, brochettes, méchouis. Cette cuisine aux mille saveurs doit beaucoup à l'art d'utiliser et d'associer les épices et les aromates qui font l'objet d'un marché spécifique, le souk aux épices. Bismillah...
Retour en bus par la N9 Dernière nuit, pleine lune dans le désert et à Ouarzazate...Départ de Ouarzazate, dimanche 20 mars. L'aéroport aux aurores... ma mâchoire de dromadaire ramenée du désert et scannée à l'aéroport de Casablanca. Selon, le douanier qui riait à gorge déployée, "ça apporte la pluie, la gazelle"...

2 commentaires:

Maman a dit…

Impressionnant, surprenant, et certainement plus original et dépaysant que je ne l'imaginais. Magnifiques photos tant dans les paysages, les portraits, les détails, les ombres, les couleurs et les contrastes. Quel monde si différent à si peu d'heures de vol d'Amsterdam ou de Marseille.... Merci de me faire partager ton si beau voyage. Bises

Cdx a dit…

Merci pour le voyage !

Je suis sûr que maintenant tu parles couramment la langue locale ... une de + ça fait 18 :)