16 janv. 2015

Jean Malaurie, Ultima Thulé (2)

Mais si l'on parvient à l'automne de sa vie, en se retournant sur soi-même, à se sentir sinon satisfait, du moins fidèle à l'axe principal qu'on s'est choisi, on évite au moins de faire partie de ces fortes personnalités artificiellement construites et qui ne se sont pliées aux règles du groupe que par faiblesse. De ces insatisfaits, leurs frères libérés doivent se méfier. Ces hommes ne peuvent, en effet, pardonner, comme le chien de La Fontaine, d'avoir le cou pelé par le collier dont ils sont attachés et de découvrir, en secret, après avoir marché tant d'années avec le sourire forcé de la bonne conduite, qu'ils n'ont jamais été, en fait, que les prisonniers d'eux-mêmes. Ils enragent de voir les rebelles, tels que moi, réussir à vivre à leur gré et d'avoir oser surtout d'exister librement.
Jean Malaurie, Ultima Thulé, page 366.

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