10 mars 2015

Islande (5) [et comment je ne suis d'abord jamais arrivée au Groenland...]: J5 - Dans la tempête... ou la mort de la moumoute

Toujours pas d'avion et demain non plus… On joue de malchance : une nouvelle tempête est prévue dans l'après-midi. Cette fois, c'est un ouragan de catégorie 2 ou 3, avec des rafales de vent qui dépasseraient les 180 km/h. A l'auberge, des gens attendent depuis deux semaines déjà de pouvoir rejoindre Washington, Ottawa, Paris… C'est du jamais vu dans le pays. Nous avons du moins quelques journées de sécurité qui nous permettent d'envisager encore notre voyage au Groenland, mais le temps passe, et toujours pas de signe d'amélioration de la météo... Nous serons probablement bloqués toute la journée de mardi. Mercredi est encore incertain.
Décidément, cette histoire d'ouragan nous intrigue. Nous décidons de partir pour une petite excursion, histoire de prendre l'air et de voir ce qu'il donne, ce fameux ouragan.
Impossible de se souvenir de la direction prise ce jour-là, mais très vite, on se retrouve dans un white out complet. Les rafales sont de plus en plus importantes. Nous arrêtons le 4x4 sur un chemin de traverse et sortons 10 minutes pour nous rendre compte des conditions dehors. La portière manque de s'arracher à la première tentative de sortie. L'ambiance est au rire.
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Quelle ambiance ! Impossible de discerner quoi que ce soit à plus de quelques mètres. Le froid est extrême : les doigts gèlent en une minute dès qu'on enlève les trois indispensables paires de gants. Effectivement, rien à faire avec ce temps, il ne reste plus qu'à rentrer à Reykjavik.



Retour prudent en suivant les piquets jaunes qui s'alignent sur le bas-côté car on ne distingue plus du tout la route. Ces piquets sont d'ailleurs faits pour ça, seul le jaune est encore visible dans le blanc. On marche à 15 km/h… Ça ne loupe pas et on l'attendait presque : Fr., notre fameux guide qui n'en râte pas une depuis le début, nous met dans le ravin. Ce guide étonne… Autant dire que cette petite sortie le calmera, dans la bonne humeur générale. Car nous, on s'amuse comme des fous. Mais maintenant, il faut dégager le 4x4 et c'est loin d'être gagné : le vent redouble, il se met à neiger et à grêler, il est très difficile de se déplacer dans les rafales, le froid agressif empêche de travailler longtemps. Le Landrover est bel et bien enlisé, impossible de sortir. En quelques minutes, la voiture disparaît sous la neige…
Nous rentrons tous dans le 4x4 pour faire le point, quand S. aperçoit un phare au loin et s'écrit : "Une voiture derrière nous, sur la route !" Vite : bondir, courir dans la tempête et la rattraper avant qu'elle ne passe sans nous avoir vus. Incroyable, mais vrai : c'est une dépanneuse. On n'en croit pas nos yeux… quelle aubaine ! Plus tard, sur le chemin du retour, on comprendra qu'il s'agit de tout sauf d'un hasard : elle vient secourir une autre voiture en détresse, à quelques mètres derrière nous seulement, mais que ne nous pouvons pas voir tellement le temps est mauvais. Quelle chance que la dépanneuse soit passée par-là au bon moment…






Pour ceux qui sont restés à attendre, c'est une surprise de taille : une baraque s'engouffre d'un coup dans la voiture. Un vrai Viking... à la barbe gelée. Rien ne l'arrête : il inspecte le véhicule, tourne autour, revient, retourne, discute. Il ne bronche pas d'un centimètre dans les bourrasques. Une petite promenade de santé pour notre inébranlable nouvel ami... Et bonnard, en plus : il plaisante, fait des pieds de nez derrière les carreaux pour nous faire rire. On est impressionné et conquis. Le pauvre : il a perdu son bonnet dans la tempête et se trimballe tête nue depuis plusieurs heures dans un froid effroyable. Nous lui donnons l'un des nôtres.




Nous remontons ensemble jusqu'à sa remorqueuse pour rassembler câbles, cordes et pelles, dans des conditions inimaginables. Une dizaines de mètres seulement, mais dans une bataille acharnée contre le vent.

Retour au véhicule où une autre apparition surnaturelle nous intrigue. Le vent fait tourner les roues toutes seules.
La corde est fixée, il faut maintenant remonter jusqu'à la remorqueuse pour tracter le véhicule. Il faut s'immaginer la furie des éléments - et la résitance de notre bonhomme ! - quand une armoire comme notre Viking peut à peine tenir debout et avancer. Impressionnant...








C'est finalement le sauvetage du 4x4... et la mort de la moumoute.

Sur le chemin du retour, des dizaines de voitures sont arrêtées sur le bas-côté, accidentées ou renversées en travers de la route. Une vision de fin du monde. On ne s'y attendait pas, croyant être les seuls à avoir pris la route ce jour-là. Avant d'arriver à bon port, il nous faudra encore ramoner l'arrivée d'air du Landrover, entièrement bouchée par la neige. Mais une fois rentrés, qu'est-ce qu'on a ri en voyant les vidéos et en comprenant après-coup ce qui était arrivé à la moumoute. Ri aux larmes. On voulait prendre l'air ? Ah, on l'aura pris, ça oui !
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1 commentaire:

sf-tahoe girl a dit…

Wat een avontuur! Heb ik iets dergelijks meegemaakt in Tahoe een paar jaar geleden. "une vision de fin du monde" inderdaad! We zagen zelfs een verlaten en omgekeerde sneeuwploeg en route naar de skigebied. Achteraf gezien, moeten we nooit hebben die dag verliet het huis.