Je me balade aujourd'hui dans le Rénmín Gōngyuán (人民广场), situé sur la Place du Peuple, un vaste espace découvert sur lequel débouche la rue de Nankin. Il fait un peu gris, le temps est sec, mais maussade. C'est autre chose qui viendra éclairer la journée. Je me dirige vers un groupe de parapluies posés à terre, et tombe sur un phénomène intrigant...
Le samedi et le dimanche, dans le Parc du Peuple, se tient le marché du mariage de Shanghai. Entre midi et la fin de l'après-midi, on voit déambuler des parents qui cherchent le meilleur partie pour leur fils ou leur fille. Souvent pour le fils, paraît-il : quand les enfants de la politique de l'enfant unique ont commencé à atteindre l'âge de se marier, ce marché aurait gagné en stabilité, en particulier pour les hommes. Je lisais qu'une étude de l'Université de Kent prédisait que la Chine aurait un 'excédent' de 24 million d'hommes en 2020. Dans les allées et contre-allées du parc, on lit de petits billets en papier, présentant des qualités des enfants et expliquant ce que l'on cherche : éducation, valeurs familiales, signe zodiacal chinois, personnalité.
Les parents se promènent, s'entretiennent avec d'autres parents, repartent, reviennent... Ils sont exigeants dans les valeurs sexistes et les clichés : la plupart d'entre eux cherchent surtout un homme qui a de l'argent et une bonne situation pour leur fille, ou une belle femme pour leur fils. Ils sont aussi pressés : passé la trentaine, les célibataires chinois ont très peu de chance de trouver un cœur à prendre et leur condition est souvent vue comme un échec social en Chine.
Une reliquat de tradition ? Il n'y a pas si longtemps, il était courant de chercher un partenaire pour sa progéniture et d'arranger les mariages. Ou stratégie sociale réinventée ? Le marché du mariage de Shanghai est apparu en 2004.
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