2 mars 2011

Gainsbourg : je suis venu vous dire (02.04.1928 - 02.03.1991)



Melody Nelson
: ''Alors y'a un connard de producteur qui me dit : Qu'est-ce qu'elle dit là ? - Tu t'appelles comment ? Melody. Melody comment ? Melody Nelson. - Alors il m'dit : Mais ils vont... mais qu'elle raconte là ?'' Alors j'lui dis : ''Vous inquiétez pas, c'est marqué sur la pochette.'' (Gainsboug).

Perdue : Dolorès Haze. Signalement :
Bouche « éclatante », cheveux « noisette » ;
Age : cinq mille trois cents jours (presque quinze ans !)
Profession : « néant » (ou bien « starlette »).

Où va-t-on te chercher, Dolorès quel tapis
Magique vers quel astre t’emporte ?
Et quelle marque a-t-elle – Antilope ? Okapi ? -
La voiture qui vibre à ta porte ?

Qui est ton nouveau dieu ! Ce chansonnier bâtard,
Pince-guitare au bar Rimatane ?
Ah, les beaux soirs d’antan quand nous restions si tard
Enlacés près du feu, ma Gitane ?

Ce maudit würlitzer, Lolita, me rend fou !
Avec qui danses-tu, ma caillette ?
Toi et lui en blue jeans et maillot plein de trous,
Et moi, seul dans mon coin, qui vous guette.

Mac Fatum, vieux babouin, est bienheureux, ma foi !
Avec sa femme enfant il voyage,
Et la farfouille au frais, dans les parcs où la loi
Protège tout animal sauvage.

Lolita ! Ses yeux gris demeuraient grands ouverts
Lorsque je baisais sa bouche close.
Dites, connaissez-vous le parfum « soleils verts » ?
Tiens, vous êtes français, je suppose ?

L’autre soir, un air froid d’opéra m’alita.
Son fêlé – bien fol est qui s’y fie !
Il neige. Le décor s’écroule, Lolita !
Lolita, qu’ai-je fait de ta vie ?

C’est fini, je me meurs, ma Lolita, ma Lo !
Oui je meurs de remords et de haine,
Mais ce gros poing velu je le lève à nouveau,
A tes pieds, de nouveau, je me traîne.

Hé, l’agent ! Les voilà – rasant cette lueur
De vitrine que l’orage écrase ;
Socquettes blanches : c’est elle ! Mon pauvre coeur !
C’est bien elle, c’est Dolorès Haze.

Sergent rendez-la moi, ma Lolita, ma Lo
Aux yeux si cruels, aux lèvres si douces.
Lolita : tout au plus quarante et un kilos,
Ma Lo : haute de soixantes pouces.

Ma voiture épuisée est en piteux état,
La dernière étape est la plus dure.
Dans l’herbe d’un fossé je mourrai, Lolita,
Et tout le reste est littérature.

***
Vladimir Nabokov (1899-1977) – Lolita (1955)


''Mais quand on compare à Rimbaud... ni Nabokov, ni moi n'existons... Rimbaud, c'était un visionnaire. Nabokov n'est pas un visionnaire. [...] Le génie, c'est autre chose que le talent... Quoique le talent est en train de baiser le génie parce que c'est c'est perceptible dans l'immédiat.'' (Gainsbourg).

''Les punks, bordel... Ah, ç'a une odeur de souffre et de drogue, ça fait désordre. Désordre est le mot, ça fait destroy. Y'en a un que j'aime beaucoup et au moins, lui a assumé sa mort, c'est Sex Pistols. Voilà, c'était un jusqu'au-boutiste. C'était ça la démarche, une démarche surréaliste.'' (Gainsbourg).


Comme un boomerang est une chanson inédite, initialement écrite pour Dani et l’Eurovision 1975. La participation de la chanteuse est annulée suite à la mort de Pompidou jle 2 avril 1974. Dani accepte de se représenter l'année suivante, à la condition que Gainsbourg soit son parolier. Mais Antenne 2 juge à l'époque la chanson trop agressive : ''flingue'', ''dingue'', ''cœur exsangue''. L'Eurovision abandonne l'idée du tandem Dani-Gainsbourg. Il existe aujourd'hui plusieurs versions : une interprétée par Dani, une autre en duo (Dani et Etienne Daho) et une troisième chantée par Gainsbourg seul. A la fin des années 1990, Etienne Daho repense à ce morceau pour relancer la carrière de Dani, et la chanson est enfin connue du grand public.

''Je crois que je suis un gentil garçon, sinon j'aurais pas fait ce parcours du combattant. Parce que les jeunes, les faux-culs, ils font pas 31 ans de carrière. Ce qui me tient à coeur ce sont mes enfants. (...) Parce qu'eux, ils vont me survivre. Pas mon oeuvre - qu'est-ce que j'en ai à foutre? Faut pas être en maths sup pour comprendre que je resterai là 50 ans, bon et alors ? À 10 millions d'années-lumière ? Même les prohpètes auront changé de nom.'' (Gainsbourg)

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