27 juin 2012

Le Flambeau Dans l'Oreille (24): No Woman, No Cry

Récemment acheté Natty Dread (oui, je ne l'avais pas encore, l'accent se trouve sur "encore"), le septième album des Wailers, et le premier sans Peter Tosch et Bunny Wailer qui jouaient respectivement de la guitare et des percussions chez les Wailers, et faisaient aussi office de chœur (remplacés à partir de Natty Dread par les I-Threes).

Ouvrez la parenthèse.
Moi qui croyais que Peter Tosch était le guitariste sur... tous? les gros tubes des Wailers, ça m'a fait un choc d'apprendre que ce n'était pas le cas. No Woman, No Cry? Vous plaisantez. Uprising? Non. Survival? Exit Peter Tosch. Les tournées? Non plus. Ah, bon? Ouais. Putain. En fait, il a fait quoi Peter Tosch avec Marley? Et ben, malgré tout pas mal de choses quand même. Outre devenir l'une des figures emblématiques du reggae et de la spiritualité Rasta ce qui n'est pas peu, les albums The Wailing Wailers (bof), Soul Rebels (déjà beaucoup plus intéressant), puis finalement Catch A Fire (bof mitigé) et Burnin'. Mais surtout, Peter Tosh co-signe Get Up Stand Up (duo avec Marley), chante One Foundation, 400 Years et Stop The Train sur Catch A Fire et Burnin. C'est finalement sa carrière solo et sa fameuse pédale wah-wah qui restent dans les annales avec Legalize It. Ok. Mais alors, c'est qui qui tient la guitare chez les Wailers après? Après, quand tout commence? Al Anderson. Qui? Al Anderson. Inconnu au bataillon. Ouais, mais c'est vrai. Qui plus est: les meilleurs morceaux studio et live devenus légendaires sont enregistrés avec sa contribution: lead guitar sur Crazy Baldhead et sur les trois fameux albums Live!, Survival et Uprising. Le Natty Dread Tour dont est extrait la plus légendaire des versions de No Woman, No Cry, celle que tout le monde connaît et qui apparaît sur One Love et Legend? C'est lui. Le Kaya Tour, c'est lui. C'est lui sur le phénoménal Babylon by Bus Tour. Dans le bus du Survival Tour, c'est encore lui. Uprising Tour, toujours lui. Ça, alors! Ben, ouais, et attention, ce n'est pas tout: sur les albums Legalise It and Equal Rights de Peter Tosch, c'est lui qui fait le backing. Ça vous en bouche un coin? Moi aussi. Junior Marvin remplacera Al Anderson à partir de 1976, mais finalement on s'en fout un peu. Bref. Pour revenir à Peter Tosch, il est quand même là lors du légendaire One Love Peace Concert à Kingston en 1978.
Fermez la parenthèse.

Ouvrez la parenthèse
Tiens qu'on y est: No Woman No Cry, finalement, signifie vraiment "No Woman = No Cry"? Non, non, non, merde à la fin! Définitivement non:
- primo, parce que tous les hommes ont besoin d'une femme,et c'est Bob Marley qui le dit sur le même album que No Woman, No Cry.
- secundo, Bob dit aussi: don't shed no tears et so dry your tears I say, et que trop de gens ne connaissent pas, ne comprennent pas ou ne s'intéressent pas aux paroles des chansons qu'ils écoutent.
- tertio, parce que "A more accurate rendering of the title in Jamaican patois would be ‘No, woman, nuh cry.’ It would be rendered "No, woman, nuh cry" in Jamaican Patois. The "nuh", which is pronounced with a short schwa vowel (a "mumbled" vowel, often represented as "uh" in spelling) and represents a clitic ("weakened") form of "no", is the equivalent of the contraction "don't".

Mais pourquoi elle pleure alors? Oh, mais pourquoi pas, après tout? Qui fait en sorte que personne n'aie jamais une larme à verser? Peut-être qu'elle a appris qu'il a le cancer et que my feet is my only carriage? Parce qu'il se souvient qu'il avait l'habitude de passer du temps dans un jardin de Trenchtown? Parce qu'il a perdu de bons amis? Parce que dans la vie, il a fallu observer et servir un tas d'hypocrites? Peut-être, mais c'est déjà beaucoup moins sûr, parce qu'il n'existe pas une femme qui ne pleure pas? Ou qu'il n'existe pas un homme qui ne fasse pas pleurer une femme? Ou alors, parce qu'il n'y a pas un homme qui ne fasse pas pleurer une femme à qui il demande de ne pas pleurer? Que sais-je!

Voilà qui devrait mettre fin à des rumeurs de longue date. Fermez la parenthèse (à propos: en préparation pour Le Flambeau dans l'Oreille quelques articles sur la mésinterpretation de certains titres légendaires, la série commence avec cet article).

Ce que je voulais dire, en fait, c'est que le version studio de No Woman, No Cry sur Natty Dread qui était elle-même l'adaptation d'une première version gospel, est très loin d'équivaloir la version live de l'album Live! de 1975.

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