2 juil. 2014

Claudio Magris, Utopie et désenchantement (1) [du XXème siècle]

"Ce vieux siècle ne fait pas une belle fin'', écrit Eric J. Hobsbawn dans son Court Vingtième Siècle, en ajoutant que, pour reprendre l'expression de T.S. Eliot, il s'achève sur une explosion tonitruante et une fastidieuse pleurnicherie. D'autres voient dans ces cent années surtout ce qu'elle a eu de terrible – le terrible XXème siecle, avec son record d'hécatombes et d'exterminations, opérées en une monstrueuse symbiose de barbarie et de rationalité scientifique. Pourtant il serait injuste d'oublier ou de sous-évaluer les progrés immenses accomplis durant ce siècle, qui a vu non seulement l'ascension de masses de population toujours plus importantes à des conditions de vie enfin humaines, mais aussi l'extension continuelle des droits de catégories jusqu'alors mises à l'écart ou ignorées et une prise de conscience de la dignité des hommes, présente même là où la veille encore on ne savait ou on ne voulait pas la reconnaître, jusque dans les formes de vie et de civilisation les plus différentes de nos modèles.
Claudio Magris, Utopie et désenchantement, page 11.

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